Burkina Faso : le lieutenant-colonel Damiba, l’anti-Goïta ?

Investi président du Faso ce 2 mars, Paul-Henri Sandaogo Damiba s’installe au pouvoir pour des années. Mais il prend soin d’apparaître plus acceptable que son collègue putschiste malien Assimi Goïta.

 © Damien Glez

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Publié le 2 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

Les fayots qui cherchent à se faire bien voir de l’administration scolaire connaissent la règle : à être « moins mauvais » que le voisin de classe, on récolte des encouragements sur son bulletin trimestriel. En Afrique, les censeurs de la Cedeao et les Occidentaux tapis dans leur dos ont été à ce point échaudés par la junte malienne qu’ils ne peuvent s’empêcher d’être « déçus en bien », selon l’expression suisse, par certains putschistes voisins.

Certes « déçus » par le coup d’État militaire burkinabè de janvier, le troisième de la région en quelques mois. Mais « en bien », car le lieutenant-colonel Damiba effraie moins les tanceurs que « l’épouvantail » Assimi Goïta.

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En quête de respectabilité

C’est sur un chemin de crête que le putschiste du Faso évolue, en quête de respectabilité. La durée annoncée de la transition, fixée à l’issue des travaux d’assises nationales de ce début de semaine, est symptomatique d’un dosage réfléchi. La Charte constitutionnelle de la transition stipule que les prochaines élections de ce pays aux quatre républiques se tiendront dans trois ans.

Une durée que la grille de lecture internationale ne peut considérer que comme un état d’exception, durée de surcroît bien plus longue que la précédente transition burkinabè – un an, après la chute de Blaise Compaoré – et même plus longue que les trente mois suggérés par une commission pourtant créée par la junte début février. Un terme toutefois légèrement antérieur à la fin programmée du mandat du déchu Kaboré et largement plus proche que celui fixé par le processus malien : peut-être dans cinq ans…

Paul-Henri Sandaogo Damiba évoque moins une logique révolutionnaire qu’un retour aux fondamentaux

Longue transition mais pas trop, donc. Constitution rétablie (le 1er février) mais pas trop (la transmission du pouvoir n’a pas été conforme). Davantage de ministres que prévus dans le rapport de la commission (20), mais pas trop (25). Davantage de membres dans l’assemblée législative que prévus (51), mais pas trop (75).

Sanctionné mais pas trop

Des pouvoirs largement dévolus aux militaires, censément chargés d’une des principales missions de la transition : « lutter contre le terrorisme, restaurer l’intégrité du territoire national ». Mais pas trop, les civils étant caressés dans le sens du poil en obtenant le poste de Premier ministre, des strapontins à l’assemblée législative, au Conseil d’orientation et de suivi de la transition et même des émoluments pour les ministres et législateurs, contrairement à ce que prévoyait initialement le projet.

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Des pouvoirs dévolus aux militaires, mais pas trop à long terme, le président de la transition et les membres du gouvernement n’étant « pas éligibles aux élections présidentielle, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la transition ».

Grâce à ses mesures jugées relativement « raisonnables », le Faso a été sanctionné – rapidement suspendu par la Cedeao –, mais pas trop, en comparaison de l’embargo ou du gel des avoirs décrétés contre le Mali voisin. Une bienveillance cohérente avec le langage burkinabè feutré qui tranche avec la « malcause » malienne, le lieutenant-colonel évoquant moins « une logique révolutionnaire » qu’un « retour aux fondamentaux ».

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