Afrique de l’Ouest : où sont les stocks alimentaires ?
Alors que l’inflation touche toute la région, les regards se tournent vers les mécanismes censés prévenir de telles crises.
Deux solutions ont été identifiées depuis longtemps pour contrer les poussées d’inflation de produits alimentaires en Afrique de l’Ouest. « Sur le temps long, il n’y a pas d’autre choix que de revenir à de vraies politiques agricoles », assure Jean-Marie Ackah, à la tête de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) et président du groupe agroalimentaire Avos.
« Il faut produire le plus possible localement car, même si cette production demeure à court terme moins compétitive que celle venant de l’étranger, elle permettra, dans la durée, d’assurer un approvisionnement des marchés plus stable, réduisant la volatilité des prix », défend-il.
Or, malgré les avancées en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin notamment, force est de constater que les progrès sont encore trop lents sur le plan de l’autosuffisance alimentaire dans la région. De même, l’Afrique de l’Ouest aurait tout intérêt à renforcer ses stocks de produits agricoles, moyen simple mais efficace de peser sur les marchés et de juguler les prix.
Déstockage rapide
Si la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a établi une stratégie en la matière (avec trois niveaux de stock et de proximité, national et régional), elle tarde à la mettre en œuvre alors que certains États membres ont déjà du mal, faute de budget, à renouveler leurs réserves nationales. Lancée en 2013, la réserve régionale (utilisée par les pays membres) n’a, pour l’heure, atteint que 40 000 tonnes de céréales, soit 10 % du volume total visé.
Il faut cependant noter qu’entre 2017 et 2019, un total de 19 700 tonnes de céréales de la réserve régionale ont été déstockées en faveur du Nigeria, du Ghana, du Burkina Faso et du Niger, selon le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA). En 2020, l’institution a constaté le » déstockage rapide de 2 190 tonnes de céréales de la Réserve régionale en faveur des populations vulnérables du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Nigeria « .
Initiatives de l’AFD et de l’UE
En mai 2021, lors de la réunion d’un Comité technique ministériel spécialisé sur le stockage alimentaire en Afrique de l’Ouest, l’Agence française de développement a annoncé le lancement d’une initiative de 8 millions d’euros en faveur du stockage de sécurité alimentaire » en vue d’éviter la rupture de financement, de consolider les acquis du systèmes régional de stockage, et de préparer une seconde phase d’un projet plus ambitieux, en collaboration avec d’autres partenaires. »
Durant la même rencontre, l’Union européenne a rappelé son financement de 56 millions d’euros en faveur du stockage de sécurité alimentaire, renouvelé » son engagement pour le renforcement de ses appuis techniques et financiers » et s’est engagée à » poursuivre son appui pour la pérennisation du dispositif régional de stockage (gouvernance, reconstitution des stocks…). »
Capacités de stockage et répartition des stocks
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