Paradoxes algériens

Publié le 4 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Près de six mille médecins algériens exercent en France, la plupart titulaires d’un diplôme interuniversitaire de spécialité (DIS). Paradoxe : dans leur pays d’origine, leur formation n’est pas reconnue. Alors qu’un spécialiste français peut s’installer sans problème en Algérie, un Algérien formé en France doit repasser un concours et est astreint à repasser une année supplémentaire de validation.
La création du DIS, en 1986, a permis aux étudiants algériens d’accomplir comme internes leurs quatre ans de spécialité en France. Beaucoup y ont même été encouragés par des bourses de coopération. « Ils n’avaient pas l’intention de travailler en France, mais ils ont été découragés par les obstacles administratifs dressés par les autorités algériennes, explique un des bénéficiaires du programme. L’interruption du processus électoral et le début de la guerre civile ont achevé de convaincre les indécis de rester. Les assassinats de médecins perpétrés par les GIA ont provoqué des départs massifs. Des praticiens installés ont tout plaqué pour se réfugier en France. Pour avoir droit à une carte de séjour, ils ont dû reprendre de zéro leur spécialité, dans le cadre du DIS. »
Les Algériens ont dû se débrouiller comme ils pouvaient, retardant au maximum la remise des mémoires de validation (pour conserver le régime étudiant) et enchaînant, dans des conditions de grande précarité, vacations et gardes à répétition. Ils ont été parmi les premiers à bénéficier de la création du PAC. Aujourd’hui, ils sont rassemblés au sein de l’Amicale des médecins algériens de France (Amedaf), qui compte environ 2 000 membres. L’association a multiplié les démarches pour obtenir la reconnaissance des diplômes en Algérie. À la mi-janvier, à Paris, le Premier ministre Ali Benflis a rencontré ses responsables et promis un déblocage rapide du dossier. « Nous avons aussi un rôle à jouer dans la réorganisation de la filière santé en Algérie, explique le Dr Mourad Kernane, son vice-président. Nous sommes près de 6 000. L’Algérie ne doit pas se couper d’un tel réservoir de compétences, mais, au contraire, développer la coopération médicale avec ses enfants expatriés. Cette coopération peut prendre différentes formes : conseil, missions ponctuelles, accords de jumelage entre hôpitaux des deux pays… Il y a urgence, car le système de santé algérien est sinistré. »

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