OEdipe à la Maison Blanche

Publié le 4 février 2003 Lecture : 1 minute.

«L’Histoire ne se répéte jamais, disait Marx, sauf sous la forme d’une farce. » S’il a raison, ce qui doit bien lui arriver de temps en temps, il est permis de s’interroger sur l’issue de la crise irakienne, tant l’attitude de l’administration Bush dans cette affaire a un air de déjà-vu. Regardez ces photos, elles sont troublantes.
Qu’il rende visite au marines en Arabie saoudite, en novembre 1990, ou tienne une conférence de presse au Pentagone, flanqué de Dick Cheney et de Colin Powell, George Herbert Bush en impose. Ce patricien de la Nouvelle-Angleterre est né pour commander : c’est bien simple, depuis les bancs de l’école, il a toujours été le premier.
Ce n’est certes pas le cas de George Walker, son fils aîné, qui, avant d’être propulsé sur le devant de la scène, a longtemps traîné une réputation de bon à rien un peu noceur. Il lui en reste, à l’évidence, un complexe d’OEdipe bien tortueux.
Son application à glisser ses pas dans ceux de son illustre père, avec ses airs de petit garçon toujours un peu étonné d’être là, a quelque chose d’attendrissant. Lui aussi, qu’est-ce que vous croyez, est tout à fait capable de tenir une conférence de presse avec Powell (et Rumsfeld) et de haranguer les troupes en partance pour le Golfe. Mais il veut aller plus loin, plus haut, plus fort, et finir le travail laissé en plan il y a onze ans : Saddam Hussein, cette fois, ne s’en tirera pas.
Vaguement inquiet, George Herbert a demandé à ses anciens collaborateurs, au premier rang desquels James Baker, de convaincre l’exalté de s’abstenir de court-circuiter l’ONU et de ne point trop s’aliéner les alliés traditionnels de l’Amérique. George Walker a obtempéré, en traînant les pieds. Regardez-le, il trépigne d’impatience. C’est qu’il a rendez-vous avec l’Histoire. Fût-ce, hélas ! sous la forme d’une farce sanglante.

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