L’étau se resserre sur le GSPC

Traqués en Europe en raison de leurs liens avec el-Qaïda, les hommes de Hassan Hattab pourraient se redéployer dans le Sahara.

Publié le 4 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Le chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) traverse une mauvaise passe. Ses réseaux de soutien en Europe ainsi que certains de ses émissaires sur le Vieux Continent tombent un à un. Une vingtaine d’arrestations à Londres, jusque-là havre de tranquillité pour les activistes de Hassan Hattab, une quinzaine en Espagne, terre de transit pour les armes et les explosifs destinés aux maquis et aux laboratoires de la mort, et bien d’autres aux Pays-Bas, en Allemagne et en France.
En outre, le mouvement n’arrive plus à recruter dans les banlieues miséreuses des grandes agglomérations algériennes et voit ses effectifs fondre comme neige au soleil (on évoque quelques centaines de combattants encore en activité dans les maquis de Kabylie et de l’Est, à la frontière algéro-tunisienne).
Traqués en Europe, en raison des liens avérés entre le GSPC et el-Qaïda, les hommes de Hassan Hattab ont été contraints de se redéployer dans des zones plus clémentes pour approvisionner les maquis. Selon une source militaire algérienne, Hassan Hattab tenterait de réactiver l’axe sahélien de la route des armes. C’est ainsi que l’on a signalé la présence, au nord du Mali, d’Amari Saïfi, alias Abderezzak « el-Para », numéro deux du GSPC, principal commanditaire de l’embuscade meurtrière du 4 janvier, dans les Aurès, qui a coûté la vie à une cinquantaine de membres des troupes d’élite de l’armée algérienne (voir J.A.I. n° 2193). Objectif : prendre langue avec Mokhtar Benmokhtar, alias Laouer (« le borgne »), ancien émir des Groupes islamiques armés (GIA) devenu seigneur de guerre et parrain de trafic en tout genre, régnant sur les régions frontalières avec le Mali, le Niger et la Libye. S’il est vrai qu’un moratoire sur la circulation des armes légères est toujours en vigueur en Afrique de l’Ouest, la porosité des frontières entre les pays de la région en proie à un conflit et leurs voisins est inquiétante. On redoutait le Liberia ou la Sierra Leone, et voilà que la Côte d’Ivoire est venue s’ajouter aux pays susceptibles d’approvisionner le trafic de kalachnikovs à des prix défiant toute concurrence : moins de 100 dollars pour un AK-47 et une caisse de munitions.
Selon les services maliens et nigériens, le GSPC ne dispose pas de réseaux de soutien logistique dans ces pays, mais ils sont conscients que tout s’achète. Et l’argent ne manque ni au GSPC ni à Mokhtar Benmokhtar. Ce dernier brasse annuellement des dizaines de millions de dollars grâce au trafic… de cigarettes. Il y a quelques mois, Yazid Zerhouni, ministre algérien de l’Intérieur, avait déclaré que la lutte contre ce type de contrebande était une priorité pour la sécurité intérieure de l’Algérie.
Si Hassan Hattab tournait réellement le dos à l’Europe pour regarder vers l’Afrique, cela permettrait à ses maquis de mieux s’approvisionner et, surtout, d’organiser des opérations terroristes dans le Grand-Sud, qui abrite les gisements de pétrole et de gaz. Cela pourrait également constituer une sérieuse menace pour le tourisme dans le Hoggar. Cette année, Tamanrasset a accueilli plus de 15 000 visiteurs. Une performance certes modeste, comparée à celles des sites balnéaires tunisiens ou marocains, mais qui a fortement contribué à la croissance de l’économie locale et retenu l’attention des tour-opérateurs et autres investisseurs privés.
Autant de données que Hassan Hattab a dû prendre en compte pour concocter sa nouvelle stratégie.

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