Burkina Faso : Paul-Henri Damiba prête serment à nouveau, les politiques grincent des dents

La charte de la transition qui vient d’être adoptée permet au lieutenant-colonel de rester au pouvoir pendant trois ans. Mais l’omniprésence des militaires dans les institutions mécontente la classe politique.

Prestation de serment du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le 2 mars 2022. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Publié le 2 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

Cela fait moins d’un mois et demi que Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso, mais déjà deux fois qu’il prête serment. Après avoir été investi le 16 février devant le Conseil constitutionnel du Burkina Faso, le lieutenant-colonel l’a été de nouveau, ce 2 mars, au lendemain de l’adoption d’une charte de la transition.

Sur les 71 députés du Parlement, 16 seront des militaires

Le texte lui permet de rester au pouvoir trois années de plus et prévoit la mise en place des organes de la transition. Un Premier ministre doit prochainement être nommé par le chef de l’État et un Parlement mis sur pied. Celui-ci comptera 71 députés dont seize seront issus de l’armée, treize de la société civile et huit pour les partis politiques. Une répartition qui fait la part belle à l’armée au détriment des formations politiques.

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« Comment les partis peuvent-ils choisir si peu de représentants alors qu’il y a plusieurs dizaines de formations politiques ? Nous avons l’impression que les politiques ne sont pas les bienvenus dans cette transition », regrette Boubacar Sannou, premier vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de l’ancien président Blaise Compaoré. « Nous sommes prêts à accompagner le président pour que la transition soit réussie. Mais il faut que nous soyons consultés. »

L’échec des politiques

Patron de l’institut de recherche Free Afrik, Seydou Ra-Sablga Ouédraogo s’inquiète du manque d’inclusivité de la transition. « L’importante présence des militaires dans les institutions crée un déséquilibre qui marginalise la participation de certains acteurs stratégiques de la société et affaiblit leur engagement dans la transition », écrit-il sur les réseaux sociaux. En effet, ni les syndicats ni l’administration publique ne seront représentés au sein du Parlement. « Cela peut être source de dérive », poursuit-il.

Nous avons l’impression que les politiques ne sont pas les bienvenus dans cette transition

Pour d’autres acteurs burkinabè, au contraire, il faut laisser les militaires tenter de reprendre en main le pays. « Les partis politiques ont échoué à gérer et sécuriser le Burkina. Il est désormais temps de laisser d’autres acteurs redresser le pays, en l’occurrence l’armée, puisque le retour de la sécurité est une priorité », justifie Roland Bayala, membre de la Coalition des patriotes du Burkina Faso (COPA-BF), un regroupement d’acteurs de la société civile.

Dans les prochains jours, la Cedeao devrait statuer sur ces derniers développements. Une transition de trois ans conduite par un militaire sera-t-elle satisfaisante pour éviter au Burkina Faso des sanctions économiques ? Le Mali voisin a été fermement sanctionné lorsqu’Assimi Goïta a annoncé qu’il se maintiendrait cinq années de plus à la tête de l’État.

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