La revanche des laïcs
Publié le 4 février 2003 Lecture : 1 minute.
«A voir l’ambiance qui régnait au siège du Shinouï le soir des élections, raconte un témoin, on aurait dit que c’était le chef du parti, Yossef Lapid, et non Ariel Sharon, qui venait d’être élu Premier ministre ! » Jamais, en effet, ce petit parti ultralaïc (dont le nom en hébreu signifie « changement ») n’avait réalisé un tel score. Créé en 1974 par Amnon Rubinstein, le Shinouï n’a été représenté au Parlement israélien qu’à partir de 1981 (deux sièges). Mais il est ensuite resté cantonné dans un rôle marginal. Il doit sa percée à la personnalité de Yossef Lapid, qui prend les commandes du parti en 1999 et lui fait gagner quatre sièges supplémentaires à la Knesset. D’origine yougoslave, Yossef Lapid, dit « Tommy », est un survivant de la Shoah. Il émigre en Israël en 1948 et fait ses premières armes d’orateur à la télévision, comme journaliste. Âgé aujourd’hui de 71 ans, il est réputé pour ses discours virulents, non dénués de démagogie, contre les religieux et ses « réserves » à l’égard des Arabes en général. À très forte majorité ashkénaze, positionné au centre droit de l’échiquier politique, le Shinouï préconise la mise en place d’une économie ultralibérale et, surtout, la séparation de l’État et de la religion.
Le succès du parti aux dernières élections repose en grande partie sur la dénonciation de l’influence disproportionnée et des privilèges des juifs ultraorthodoxes – exemption du service militaire, important soutien financier (1 milliard de dollars, soit 922,5 millions d’euros) accordé par l’État aux établissements religieux. Des revendications qui ont trouvé un large écho dans le contexte de crise économique et sécuritaire. Le parti entend par ailleurs autoriser les transports publics ou les vols de la compagnie israélienne El Al le jour du shabbat. Sur la question palestinienne, le Shinouï n’a pas de position très précise, mais se dit favorable au démantèlement des colonies juives dans les Territoires.
