France-Maroc : un café chez Anasse Kazib, après sa première campagne présidentielle

Pour ce cheminot et syndicaliste franco-marocain, la course à l’élection présidentielle s’achève aujourd’hui. Il a accepté de recevoir Jeune Afrique chez lui, dans la banlieue parisienne. Rencontre.

Anasse Kazib, à Bordeaux, le 24 novembre 2021. © UGO AMEZ/SIPA

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 4 mars 2022 Lecture : 8 minutes.

Anasse Kazib ne se fait plus guère d’illusions : avec un peu plus de 140 parrainages, la course à la présidentielle d’avril 2022 prend fin ce 4 mars, date limite du dépôt des parrainages.

Dispositif juridique instauré par le général de Gaulle lors de la mise en place du suffrage universel direct pour élire le président de la République, la règle des 500 parrainages d’élus a cristallisé toute une partie des débats, certains jugeant ce mode de sélection anachronique et anti-démocratique.

Anasse Kazib, 35 ans, candidat du mouvement Révolution permanente, d’inspiration trotskiste, anticapitaliste et anti-impérialiste, est de ceux-là.

Mais pour une première campagne, le bilan est encourageant pour celui qui a commencé à se faire connaître sur les plateaux télé, des Grandes Gueules sur BFMTV à TPMP chez Cyril Hanouna sur la chaîne C8.

Ce Franco-Marocain marié et père de deux enfants, aiguilleur de train à la gare de Paris Nord depuis dix ans et délégué syndical, nous reçoit chez lui sans chichis, à Épinay-sur-Seine, en banlieue parisienne, où il habite depuis 2009.

Entre deux tirades sur l’impérialisme occidental et le capitalisme, il décroche son téléphone pour organiser un match de foot avec ses collègues cheminots, ou sert le goûter à l’un de ses enfants qu’il garde ce jour-là pendant que sa femme travaille.

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Engagement précoce

Né à Sarcelles dans le département du Val d’Oise, Anasse Kazib est le petit-fils d’un tirailleur marocain, blessé de guerre, qui a combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Ses parents, originaires d’Essaouira, sont arrivés en France au début des années 1970. Son père est alors embauché comme ouvrier dans une usine automobile, et intégrera plus tard la SNCF.

Ce dernier fait d’ailleurs partie des 900 anciens salariés, majoritairement marocains, à avoir gagné leur procès en 2018 contre la SNCF. Ceux qu’on a appelés les « chibanis », « cheveux blancs » en arabe, avaient été recrutés par la compagnie ferroviaire française entre 1970 et 1983 comme contractuels, ce qui ne leur permettait pas de jouir du même statut et des mêmes avantages que les cheminots européens.

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Cadet d’une famille de 5 enfants, Anasse Kazib a baigné dans un environnement politique ancré à gauche. « Mes parents ont toujours voté à gauche, soit pour le Parti socialiste, soit pour Lutte ouvrière. Ce qui primait avant tout, c’était une conscience ouvrière de classe, de solidarité et d’humanité », relate-t-il.

« Aujourd’hui encore, j’ai une sœur commerciale, une autre qui bosse à la SNCF et un frère qui a travaillé comme coursier. Il n’y a pas de chef d’une grande entreprise dans la famille, et personne ne vote à droite », poursuit-il.

Il se souvient avoir manifesté pour la première fois lors de la révolte des banlieues en 2005 après les décès de Zyed Benna et Bouna Traoré, puis, quand il était en terminale, contre la réforme du Contrat première embauche (CPE) du gouvernement Villepin.

Le Maroc, Anasse Kazib le connaît et s’y rend tous les étés depuis qu’il est enfant. Aujourd’hui, il y va pour rendre visite à ses parents retraités, qui se sont installés à Marrakech.

Quand je retourne à Marrakech, je suis impressionné par le nombre de 4×4, de Porsche ou de Range Rover »

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