Disparition téléphonée
C’est grâce à son portable qu’en novembre 2001 le chef d’el-Qaïda a pris la poudre d’escampette.
Publié le 4 février 2003 Lecture : 1 minute.
On savait qu’en novembre 2001, lors du siège de Kandahar, Mollah Mohamed Omar, chef des talibans afghans, était parvenu à semer ses poursuivants américains aux commandes d’une motocyclette. En revanche, la manière dont Oussama Ben Laden s’y était pris, quelques jours plus tard, pour échapper aux hommes des Forces spéciales dans les montagnes de Tora Bora restait un mystère… que le Washington Post vient d’éclaircir.
Le quotidien révèle en effet que le chef d’el-Qaïda est tout bonnement parvenu à leurrer les systèmes d’écoute américains, les meilleurs du monde, comme chacun sait. Génial bidouillage high-tech ? Pas du tout. Il s’est contenté de confier son téléphone cellulaire à son garde du corps marocain, Abdallah Tabarak, alias Abou Omar, avec mission de l’utiliser dès que lui, ses (nombreux) enfants, ses femmes et ses principaux collaborateurs seraient hors de danger. La ruse a fonctionné au-delà de toute espérance, et Ben Laden court toujours.
Bien entendu, Abou Omar a été arrêté peu après et transféré, avec plusieurs dizaines de ses « frères », au camp de Guantánamo Bay, à Cuba. Mais le plus incroyable est qu’il a bien failli réussir à berner ses geôliers. À l’issue de plusieurs interrogatoires, ceux-ci en étaient presque arrivés à la conclusion que cet ancien ouvrier du textile n’était qu’un pauvre bougre qui avait eu la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment !
Il a fallu la visite à Guantánamo d’un agent des services marocains venu s’enquérir des conditions de détention de ses compatriotes pour que la supercherie soit découverte. Les responsables du camp ont alors compris pourquoi Abou Omar semblait avoir pris un tel ascendant sur ses codétenus. Flattés de côtoyer le garde du corps de Ben Laden, ils en avaient fait « l’émir » de Guantánamo.
