Des faussaires piratent la douane

Publié le 4 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Les services de la douane sont sur la trace d’un transitaire fraudeur-faussaire. L’homme ne manque ni d’imagination ni de courage, mais depuis qu’il a senti la soupe chaude, il a quitté le pays. L’État du Sénégal aurait saisi Interpol pour mettre la main sur ce fraudeur qui a osé s’attaquer, non plus à la seule recette fiscale, mais à un système de sécurité de l’État.

Transitaire ambulant Mame Ndiouga Fall est transitaire. En fait, c’est l’activité qu’affiche son cachet « Dabakh Malick ». Précision de taille : il est un « transitaire ambulant », en clair, il est de l’économie informelle. Son mode d’opération était apparemment simple. Lorsqu’une opportunité d’affaire se présentait, il se débrouillait pour obtenir les documents utiles d’un transitaire dûment agréé et utiliser son nom pour dédouaner sa marchandise. Partant de là, Mame Ndiouga Fall utilisait les formulaires de bon à enlever (BAE), y apposant les renseignements concernant la marchandise à enlever, des contrefaçons de cachets et de signatures. Ce faisant, l’homme court-circuitait les services de la douane spécifiquement chargés de gérer les codes secrets informatisés qui permettent de vérifier les BAE.

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Cent vrais-faux bons Mame Ndiouga Fall et ses acolytes ont créé des « vrais-faux BAE » en falsifiant les visas de documents originaux à l’aide de technologies performantes comme des scanners. Les faux ainsi produits sont d’une qualité telle que personne ne semblerait pouvoir les distinguer des documents administratifs authentiques.
Quelque cent « vrais-faux bons » à enlever ont été produits par la bande de « scanneurs de bons » qui ont abusé cinq sociétés de manutention : SDV, Maerskline, Antrak, Somicoa et Geodis, qui ont délivré des bordereaux de livraison à Fall et à ses hommes. Les « droits éludés », comme disent les douaniers, s’élèveraient à près de 43 millions de francs CFA qui représentent une taxe d’environ 51 % sur la valeur de la marchandise importée, soit environ 80 millions. Il s’agit essentiellement de droits de magasinage et de taxes portuaires.
Le faussaire a pris le large, mais les services de la douane ont porté plainte auprès du procureur de la République et saisi le ministère des Finances. Il tombe sous le sens que le transitaire indélicat a bénéficié de complicité d’initiés pour pouvoir se retrouver dans ce dédale administratif et fiscal. La Direction des investigations criminelles devrait faire la lumière sur une affaire qui ne s’avère pas encore grave, vu le montant en question, mais qui inquiète au plus haut point dans la mesure il s’agit de corruption de systèmes. La compagnie de transit dont le numéro d’agrément a été utilisé, Mondial Transit, aurait également porté plainte contre l’un de ses employés qu’elle considère comme le complice qui a permis à ce trafic de démarrer en utilisant son nom.

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