Talbi, libre-penseur de l’islam
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Si [Mohamed Talbi] s’oppose avec force à toutes les interprétations passéistes de l’islam – le salafisme, le wahhabisme, en particulier -, il combat avec autant d’énergie la désacralisation du Coran. Rénover la pensée musulmane, ce n’est pas prôner « un islam laïc, un islam sans Dieu », insiste l’islamologue tunisien. Il n’est pas tendre envers ces « désislamisés » qui prônent « un islam commode », purement identitaire. « La religion n’est ni une identité, ni une culture, ni une nation. C’est une relation personnelle à Dieu, une voie vers lui. On peut être musulman et de culture hollandaise, française ou chinoise », explique-t-il. À ses côtés, une femme longue et blonde, aux yeux bleus, l’écoute avec attention. C’est Irmgard, son épouse, d’origine allemande, rencontrée à Paris il y a tout juste cinquante ans. Elle ne s’est convertie à l’islam qu’en 1996, au terme d’un long cheminement. Ils ont deux fils et deux petits-enfants.
Ceux-ci suivent-ils le chemin de leur père et grand-père ? Talbi sourit. « Je ne sais pas. Je ne leur pose pas la question et je ne leur offre même pas mes livres. Si je le faisais, cela reviendrait à dire : Lisez-moi. Je m’y refuse. » C’est dans le même esprit qu’il reconnaît aux caricaturistes le droit de brocarder le Prophète et à Michel Houellebecq – « un garçon sympathique » – le droit de dire et d’écrire que l’islam est la religion « la plus con du monde ». La religion, quelle qu’elle soit, ne doit pas être une contrainte. « Je veux décrisper les gens, et je veux le faire au nom du Coran. La foi est un choix, souffle-t-il de sa voix à la fois fluette et ferme. Je ne cesserai jamais de dire que l’islam nous donne la liberté, y compris celle d’insulter Dieu… »
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