Ukraine-Russie : le fils de Yuweri Museveni soutient Vladimir Poutine
Face au tsunami de condamnations de l’invasion de l’Ukraine, le rejeton du président ougandais, le lieutenant-général Muhoozi Kainerugaba, exprime son soutien au président russe.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 mars 2022 Lecture : 2 minutes.
L’esprit de contradiction géopolitique serait-il ougandais ? Peut-être n’est-il qu’un trait de caractère de la famille Museveni. En 2018, le père, Yoweri, ramait à contre-courant de la tendance africaine en saluant la « franchise » de Donald Trump qui venait de qualifier certains pays du continent de « pays de merde ». Quatre ans plus tard, c’est le fils qui fait dissonance en exprimant son soutien à Vladimir Poutine.
C’est sur Twitter, quelques jours après le début de l’offensive militaire russe contre l’Ukraine, que le lieutenant-général Muhoozi Kainerugaba jugeait que le chef du Kremlin avait « absolument raison », ajoutant que « la majorité de l’humanité (…) soutient la position de la Russie en Ukraine ». Et le commandant des forces terrestres de l’Uganda People’s Defence Force (UPDF) de préciser, entre parenthèses, que cette majorité « n’est pas blanche ».
Faire sauter le monde
Cet argument pouvant paraître incongru au regard du teint rosâtre de Vladimir Poutine, Muhoozi Kainerugaba convoquait, dans le même tweet, le souvenir du débarquement de la baie des Cochons, cette tentative d’invasion militaire de Cuba par des exilés soutenus par les États-Unis, en avril 1961, événement qui avait suscité une menace militaire soviétique à 500 kilomètres de Miami : « Lorsque l’URSS a stationné des missiles nucléaires à Cuba en 1962, l’Occident était prêt à faire sauter le monde au-dessus d’elle. Maintenant, quand l’OTAN fait la même chose, ils s’attendent à ce que la Russie fasse différemment ? »
La majorité de l’humanité qui soutient la Russie n’est pas blanche
Le chef adjoint de la délégation de l’Union européenne au Soudan du Sud, Dionyz Hochel, a qualifié ce commentaire « d’inacceptable », ajoutant que l’Ouganda pourrait subir des « conséquences inexpliquées » s’il soutenait officiellement l’invasion de l’Ukraine.
Couleur de peau
Si le parallèle avec les années 60 n’est pas une invention de Muhoozi Kainerugaba et si le non-alignement est une position qui peut être envisagée, l’Union africaine a condamné officiellement l’invasion russe et appelé à un cessez-le-feu immédiat.
Dissimulés derrière cette opprobre collective, beaucoup de chefs d’État africains brillent par un relatif silence. Certains de leurs compatriotes sont secrètement étreints par un sentiment de revanche, après le renversement du régime Kadhafi par l’OTAN, voire tentés par une coopération sécuritaire accrue avec les Russes, que ces derniers soient coopérants ou mercenaires. Par ailleurs, chaque pays du continent évalue les risques d’une indignation ou d’un soutien public, certains de ses ressortissants en Ukraine étant pris en étau entre les combats et des frontières trop peu poreuses. Les Africains y subiraient un traitement raciste, notamment entre l’Ukraine et la Pologne. Une affaire de couleur de peau, comme le sous-entend Muhoozi Kainerugaba ?
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