Jammeh for ever ?

Pour la troisième fois consécutive, le chef de l’État a été reconduit à la tête du pays. Au grand dam de ses deux challengeurs à la présidentielle.

Publié le 2 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

La Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé, le 24 septembre, ce dont personne ne doutait : la victoire à la présidentielle du chef de l’État sortant, Yahya Jammeh, qui a réuni 67,33 % des suffrages. Il a relégué loin derrière lui ses challengeurs : l’avocat Ousainou Darboe (26,6 %) et le sociologue Halifa Sallah (moins de 6 %). Ces résultats ont été aussitôt contestés. « Nos militants ont été privés de leur droit de vote, intimidés par des forces de l’ordre qui ont clairement affiché leur soutien au président sortant », a réagi Sallah.
Réponse du chef de la mission d’observation électorale envoyée par le Commonwealth, Salim Ahmed Salim, ex-secrétaire général de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA) : « Les opérations ont été bien organisées. Elles n’ont rencontré aucun problème. Les électeurs ont pu s’exprimer, et le résultat reflète leur volonté. » Et le Tanzanien de relever, cependant, que « les manifestations ostentatoires de soutien de la part d’agents de l’État à un parti, particulièrement au sein des forces de sécurité », ainsi que d’autres « événements qui se sont produits avant la tenue des élections ont probablement eu des conséquences sur le résultat ».
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en 1994, élu en 1996 puis réélu en 2001, celui qui se fait appeler « Aladji Doctor Yahya AJJ Jammeh » repart pour un troisième bail de cinq ans à la tête de son pays. Il affirme vouloir le diriger pendant encore au moins trente ans.
À 41 ans, cet ancien lutteur qui s’est retrouvé sous les drapeaux a pris goût au pouvoir après être entré par effraction dans l’histoire de la Gambie, l’un des plus petits pays africains. Il entame ce nouveau quinquennat dans un climat délétère. Les mois qui ont précédé le scrutin ont été marqués par une série de tentatives de coups d’État, de purges, d’arrestations de journalistes ainsi que de protestations de la part des mouvements de défense des droits de l’homme. Apparemment en vain. « Le monde entier peut aller en enfer. Si je veux interdire un journal, je le ferai », a asséné Jammeh, le 25 septembre. Interpellé sur l’assassinat de Deida Hydara, rédacteur en chef du magazine The Point et correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), le chef de l’État gambien a nié toute implication de son régime. Avec ce commentaire : « Je ne pense pas que tuer une personne soit la solution. Il vaut mieux l’incarcérer pour le restant de ses jours »

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