Tunisie : tollé après l’arrestation de l’ancien bâtonnier Abderrazak Kilani
Nouvel épisode du bras de fer entre Kaïs Saïed et les magistrats, l’incarcération, qui plus est sur décision d’un tribunal militaire, de cet avocat respecté, membre du comité de défense de l’ex-ministre de la Justice Noureddine Bhiri (Ennahdha), provoque l’indignation générale.
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Abderrazak Kilani, ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats. © Corentin Fohlen/Divergence
En recevant une convocation du juge d’instruction pour comparaître devant le tribunal militaire le 2 mars 2022, l’ancien bâtonnier de Tunis et ex-ministre, Abderrazak Kilani, n’imaginait sans doute pas qu’un mandat de dépôt à son encontre serait aussitôt émis à l’issue de son audition.
Les faits reprochés remontent au 2 janvier. Ce jour-là, les forces de l’ordre empêchent le comité de défense de Noureddine Bhiri d’entrer dans l’hôpital Habib-Bougatfa de Bizerte pour rendre visite au dirigeant d’Ennahdha hospitalisé sous le régime de la résidence surveillée.
Kilani, président du collectif, réclame alors des agents qu’ils respectent la loi et rappelle que les ordres administratifs doivent eux aussi être légaux et que l’exécutant peut refuser de les appliquer si tel n’est pas le cas. Abderrazak Kilani ajoute que ceux qui exécutent des ordres aveuglément devront aussi répondre de leurs actes.
Ces propos d’avocat de la défense lui valent deux mois plus tard d’être poursuivi pour « participation à un groupe qui trouble l’ordre public avec l’intention de s’opposer à l’application de la loi ou de porter atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, en proférant des menaces verbales et en usant de menaces et de mensonges pour empêcher un individu ou un groupe de travailler ». L’effet est immédiat : le département de la sûreté nationale du ministère de l’Intérieur a déposé une plainte auprès du tribunal militaire.
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