Côte d’Ivoire : onze contes pour perpétuer l’oralité (et la biodiversité)

Dans un recueil tendre et lumineux, la journaliste française Camille Lavoix et l’illustratrice bulgare Vyara Boyadjieva rendent hommages aux contes de la Comoé.

« Misé misé », un recueil de onze contes ivoiriens.

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 14 mars 2022 Lecture : 2 minutes.

« Misé misé, je vais vous raconter une histoire. » Ainsi commencent la grande majorité des histoires rassemblées par Camille Lavoix et illustrées par Vyara Boyadjieva dans Misé misé – 11 contes ivoiriens de la Comoé. Si l’entreprise n’est pas nouvelle – il existe une foultitude de livres compilant des contes animaliers africains –, ce livre se distingue par sa qualité et son originalité.

Les illustrations de l’artiste bulgare aux tons pastels lumineux s’accordent parfaitement aux textes et ne se contentent d’en donner une interprétation : elles restituent toute une ambiance et prêtent à la rêverie. Écrits dans un français mâtiné d’expressions locales et fidèle à une certaine forme d’oralité, les contes expliquent « pourquoi un animal agit comme il le fait ou a une apparence bien précise ». Ainsi, en lisant, apprendrez-vous pourquoi le crabe a l’air d’un guerrier blessé, pourquoi la hyène pleure, pourquoi le poulet picote toute la journée, pourquoi les tortues vivent aussi dans l’eau ou encore pourquoi l’araignée est plate avec beaucoup de pattes.

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Transmission intergénérationnelle

Journaliste ayant visité la Côte d’Ivoire dans le cadre d’un projet humanitaire, Camille Lavoix a récolté ces contes grâce à l’aide d’écoliers du village de Kakpin, situé en bordure du parc national de la Comoé – l’un des plus grands d’Afrique de l’Ouest où l’on peut croiser quelque 60 espèces de grands mammifères et 600 espèces d’oiseaux.

Les différentes versions des contes ont été mélangées et éditées comme une petite musique, dans le respect des expressions et des tournures locales

« Les autrices et auteurs de ces histoires sont Inza Ouattara, le cuisinier de la station [de recherche de la Comoé], David Kouamé, le coordinateur de la station, Dabila Kouakou Nandjia, le chef du village, les écolières, les écoliers, que j’ai enregistrés en koulango et en lobi, les deux langues du village, et en français, écrit Camille Lavoix. Ce sont leurs histoires depuis de nombreuses générations, des classiques de la région. Les différentes versions ont été mélangées et éditées comme une petite musique, dans le respect des expressions et des tournures locales. »

Un livre généreux, à déguster évidemment en famille. Pour faire germer ces « petites graines contre l’extinction […] d’une culture orale qui vacille sous les assauts de la télévision, et celle des animaux et des plantes qui s’accrochent et nous protègent en produisant de l’oxygène, fertilisant les sols et filtrant l’eau ».

Misé misé – 11 contes ivoiriens de la Comoé, de Camille Lavoix et Vyara Boyadjieva, La joie de lire, 64 pages, 21 euros.

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