Ely Ould Mohamed Vall

Président de la République islamique de Mauritanie

Publié le 2 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

« Vous avez été la conscience de notre continent pendant plus de quarante-six ans. Nous vous en remercions et vous demandons de continuer. Nous serons toujours avec vous. » Tels sont les termes de la dédicace inscrite par le colonel Ely Ould Mohamed Vall sur le Livre d’or de Jeune Afrique lors de sa visite au siège de notre journal, le 26 septembre.
Pour le chef de l’État mauritanien, Jeune Afrique est loin d’être une publication inconnue puisqu’il l’a découverte lors de ses études en France (1966-1973), puis au Maroc, à l’Académie militaire royale de Meknès (1973-1979). C’est peut-être ce qui explique, au moins en partie, qu’il ait mis à profit sa première visite officielle en France en tant que président de la République, du 25 au 27 mars, pour découvrir le lieu où se fabrique « la revue de sa jeunesse ».
Entre sa rencontre avec le patronat français, au siège du Medef, et son entretien à l’Élysée avec le président Jacques Chirac, l’agenda d’Ely Ould Mohamed Vall a été pour le moins chargé. Dans l’après-midi du 27 mars, il s’est envolé pour Bucarest, où il a participé au 11e Sommet de la Francophonie (voir pp. 12-13).
Ce voyage en Europe fait suite à une première série de déplacements dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Depuis sa prise de pouvoir, le 3 août 2005, il s’efforce en effet de promouvoir à l’étranger la « transition démocratique » en cours en Mauritanie. « Rassurez-vous et rassurez tout le monde, je partirai comme prévu après l’élection présidentielle du 11 mars 2007. J’ai l’habitude de tenir mes promesses », a-t-il confié à un aréopage de journalistes plus ou moins convaincus, en prenant à témoin les membres de sa délégation.

Militaire possédant une formation de juriste, le président mauritanien choisit ses mots avec soin. Les gesticulations et les fioritures ne sont pas son style. Sa grande taille et son allure élancée donnent du poids à son propos. A-t-il vraiment l’intention de faire ce qu’il dit ? On est tenté de le croire. En tout cas, il ne s’offusque pas quand on l’interrompt pour lui poser des questions. Aucune ne reste sans réponse. « Préférez-vous qu’on vous appelle colonel, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie ou chef de l’État ? » Surpris, il esquisse un sourire : « Utilisez le terme qui sied le mieux à la Mauritanie. »
Il passe ensuite aux choses sérieuses : « Oui, la réunion au siège du Medef a été extrêmement positive. J’ai expliqué aux patrons français la nouvelle donne politique, administrative, juridique et économique de la Mauritanie, qui est bien différente de ce qu’elle était hier. Le message a été bien reçu. » Depuis un an, explique-t-il, il a engagé une opération d’assainissement en profondeur : « Je voudrais laisser un État solide et viable, avec des institutions politiques stables qui permettent l’alternance. » Cette mission sera-t-elle achevée d’ici à mars 2007 ? « J’en ai déjà mené à bien une partie raisonnable, mais c’est un travail de longue haleine et de tous les jours », répond-il.

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Intervient-il dans le processus électoral en encourageant des personnalités indépendantes à se présenter contre les partis en place ? Il s’en défend fermement : « Je reçois et je discute avec tout le monde, ma porte est ouverte à tous les Mauritaniens, quels qu’ils soient. La nouveauté, c’est que nous sommes à la veille d’une élection capitale. Il est important de casser la vieille bipolarité, cette confrontation stérile entre le pouvoir et l’opposition qui ne sert pas l’intérêt du pays. La plupart des Mauritaniens se situent en marge de ces deux courants. Je considère que chacun est libre de soutenir le parti de son choix, de présenter sa candidature ou de rester indépendant. Ce sont des droits constitutionnels acquis. N’étant candidats à rien, nous ne pouvons être partie prenante dans quoi que ce soit. Les questions partisanes ne nous concernent pas. Depuis le 3 août 2005, nous demandons aux Mauritaniens de libérer leur volonté, d’agir selon leur conscience, pour le bien de la Mauritanie. Nous avons pris trois engagements : interdire aux membres de la transition de se présenter aux élections, assurer la transparence absolue du scrutin et en respecter les résultats. Où est le problème ? Les Mauritaniens arbitreront. Aujourd’hui, ils sont libres. Je le répète pour que tout le monde s’en convainque une fois pour toutes. »

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