Bréviaire d’islam à l’usage des mauvais papes
Publié le 2 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.
Il y en a assez ! Assez de prendre l’islam pour une religion exotique à l’usage des mauvais anthropologues pressés de faire la une de médias friands de sensationnel.
Reconnaissons que, hélas ! nous ne sommes plus à l’époque des maîtres de la théologie, les saint Bonaventure et les saint Thomas qui ont su dire tout autre chose de l’islam qu’un pape du XXIe siècle qui prétend détenir le titre de professeur de théologie et qui vient de se voir promu Saint-Père. Les premiers théologiens chrétiens savaient, eux, cette chose qui reste cachée à Benoît XVI : s’il y a deux religions qui se ressemblent, ce sont bien l’islam et le christianisme. Un islam que ces anciens chrétiens comprenaient, traduisaient et savaient dépasser au sein de leur propre tradition. Certes, leur réserve concernait un point important qui différencie l’islam et la chrétienté : le concept de Trinité, car la foi musulmane ne concède pas que Dieu puisse engendrer et, par conséquent, avoir un fils. Mais cette querelle a divisé en son temps le monde chrétien lui-même, et d’éminents doctrinaires comme Arius y ont soutenu le point de vue coranique, affirmant qu’un non-engendré ne peut pas engendrer.
Ajoutons que c’est avant le concile de Trente (1211) que l’islam a reconnu l’Immaculée Conception ainsi que la virginité de Marie ; que le Christ est cité dans le Coran comme verbe de Dieu, « kalima » ; que le texte des musulmans n’a jamais attisé la haine contre les Fidèles d’Issa, le Messie. Tenez : « Vous trouvez la plus grande amitié à l’égard de nos croyants auprès de ceux qui ont dit nous sommes chrétiens. Parmi eux, il se trouve prélats et moines dont les yeux s’inondent de larmes quand ils entendent la parole de Dieu qui t’est transmise. »
Alors ? Reste la guerre Guerroyer contre les païens qui était le devoir de tous les chrétiens jusqu’à sainte Isabelle la Catholique ne peut pas être qualifié d’un autre mot que violence. Il ne faut pas l’oublier de nos jours, lors que toute violence est dite injustifiable. Il faut rappeler qu’au premier temps de l’islam, les monothéistes, juifs et chrétiens, coexistaient avec les païens et que le Prophète de l’islam leur a fait la guerre afin que le monothéisme – entre autres, le christianisme – triomphe. A-t-il eu tort ou raison ? À Sa Sainteté Benoît XVI de juger ! Sur l’usage du glaive, je citerai à Sa Sainteté ces passages du Coran transmis par un certain Gentil appelé Mohammed :
1. « Combattez sur le chemin de Dieu, seulement ceux qui vous combattent et jamais n’agressez. Dieu n’aime pas les agresseurs. »
2. « S’ils inclinent vers la paix, force à toi de t’incliner vers la paix. Mais s’ils rusent contre toi, dis : Dieu me suffit. »
3. « Que la haine de peuples envers vous ne vous empêche pas d’être équitable à leur égard. S’ils ne vous ont pas combattu et s’ils ne vous ont pas expulsé de vos demeures. Dieu aime les équitables. »
Il se trouve que certains Romains qui ont institué le « tout » du christianisme avec Constantin en 325, nous ont toujours pris, nous les gens du sud de la Méditerranée, pour le grenier de leurs céréales ou pour des barbares. Ces Romains-là, dont se reconnaît Benoît XVI, n’ont rien à voir avec le Christ. Il est temps que les bons catholiques le sachent.
Naguère, au cur de l’Espagne andalouse, nous, gens du Sud, avons montré avec Maimonide et Averroès que la raison est musulmane et qu’impie est celui qui ose dire : « J’ai fait la volonté de Dieu. » Formule moderne, s’il en est, qui devrait interdire à quiconque de prétendre agir au nom de Dieu.
Alors, Votre Sainteté, arrêtez de dire que l’islam est une religion de guerre ! Ne cédez pas à la facilité de relayer les préjugés de vos ouailles les moins férues en religion. Par le Christ, épargnez-nous votre littérature en matière d’islam. Ou lisez, lisez, Votre Sainteté ! Le premier mot du Coran est celui-ci : « Lis ! » Après, nous parlerons. Plus encore, nous dialoguerons.
* Philosophe et anthropologue tunisien.
