Séisme gouvernemental

But du nouvel assemblage : mettre le pays au travail.

Publié le 2 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Dix jours après avoir prononcé à Kiffa un discours très pugnace sur les thèmes de la bonne gouvernance, des nouveaux défis que le pays aura à affronter lorsque coulera le pétrole (fin 2005) et des retards pris dans des domaines aussi cruciaux que la lutte contre l’analphabétisme et la formation professionnelle, le président mauritanien Maaouiya Ould Taya est passé de la parole aux actes. Le 25 juillet, neuf ministères sur vingt-deux, ainsi que la Banque centrale et la Cour suprême, ont changé de titulaires : un vrai séisme gouvernemental dont l’objectif est de donner à des secteurs souvent très critiqués par l’opinion et les bailleurs de fonds un bain de jouvence et d’efficacité.
Les ministères de l’Intérieur et des Finances sont ainsi confiés à des personnalités de 40 ans, relativement peu connues du grand public : Mohamed Ghali Ould Cherif Ahmad, ancien directeur commercial du Port de Nouakchott, et Mohamed Sidiya Ould Mohamed Khaled, ex-trésorier général. À l’Éducation nationale, Mustapha Ould Abdallah vient lui aussi du Port, dont il était directeur général. La Santé et les Affaires sociales, ministère clé en Mauritanie, revient à un économiste et sociologue formé au Sénégal et aux États-Unis, jusqu’ici coordinateur du projet de lutte contre la pauvreté, Mohamed Lemine Ould Selmane. Changent également de titulaires les ministères des Affaires économiques, de la Culture, du Commerce et de l’Hydraulique. Originalité politique, enfin, l’entrée d’une ex-opposante au secrétariat d’État chargé des Nouvelles Technologies – l’un des thèmes favoris du président. Betrigha Mint Kaber Ould Cheikh, 33 ans, économiste et angliciste, était, il y a peu encore, la chef de file des étudiantes islamistes du parti d’Ahmed Ould Daddah à l’université de Nouakchott.
But de ce nouvel assemblage donc, sous la houlette du même Premier ministre nommé en juillet 2003, Sghaïer Ould M’Barek : mettre les Mauritaniens au travail, à un peu plus d’un an du jour où le premier tanker de pétrole quittera les eaux territoriales pour le marché mondial. « Si vous ne vous retroussez pas les manches, a dit en substance Ould Taya à ses compatriotes le 15 juillet, si vous ne vous formez pas aux métiers d’avenir, d’autres, des étrangers, viendront ici remplir le vide, et nul ne pourra les en empêcher. »
Comment faire passer une société contemplative et commerçante du pas lent des caravanes au rythme effréné de la mondialisation sans pour autant perdre son âme ? Pour celui qui célébrera le 12 décembre prochain le vingtième anniversaire de son accession au pouvoir, telle est bien l’urgence du moment.

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