Racistes, les Maghrébins ? (suite)

Publié le 2 août 2004 Lecture : 3 minutes.

Vive la culture noire !
J.A.I. a cru utile de démontrer qu’il existe un racisme maghrébin envers les Noirs. Mais le Noir n’a pas besoin qu’on se morfonde pour lui ; cela aboutit aux représentations du pauvre nègre si détesté mais, au fond, si bon. Les Noirs ont su se surpasser pour être le moteur de la civilisation actuelle : ce qui unit le monde aujourd’hui n’est pas le christianisme européen ou l’islamisme arabe, mais la culture noire ! Les jeunes du monde entier n’ont d’yeux que pour les stars du R&B, du rap et autres musiques et danses blacks. Leurs icônes sont Beyoncé, R. Kelly et autres basketteurs, footballeurs et sprinters ! Il n’y a pas de racisme arabe, mais une minorité frustrée qui se revalorise en discriminant les Noirs. Les Blacks, eux, n’ont rien à prouver aux Maghrébins, d’où ce sourire commun de tout Noir discriminé par un « pauvre » Arabe qui, 100 mètres plus loin, sera traité de sale voleur ou de terroriste ! Recentrons le débat ! Et surtout que vive le terme « cousin » dont l’exemple nous vient des cités en France.

Imprégné dans l’imaginaire collectif
Merci à J.A.I. de donner un coup de pied dans la fourmilière en parlant du racisme en Tunisie, sujet tabou. Il est temps de bousculer les consciences. Voici quelques traits de la réalité quotidienne :
– depuis l’indépendance, les Tunisiens n’ont jamais connu un haut responsable du gouvernement, un préfet ou un grand PDG de race noire ;
– la télévision nationale tunisienne n’a jamais eu un présentateur ou un animateur d’émission noir ;
– dans les spots publicitaires télévisés, la famille tunisienne typique choisie pour vanter les mérites des produits de consommation est toujours une famille de Blancs ;
dans les séries télévisées ou dans les films tunisiens, l’image du Noir est stéréotypée : un bon esclave obéissant, un bon khedim (serviteur), une docile dada (vieille gouvernante), une amante exotique ou un « boussâadiade journal télévisé » (un rigolo à moitié fou).
Dans l’esprit de la majorité des Tunisiens, le Noir ne peut pas être quelqu’un d’important. Le malheur, c’est que certains Noirs acceptent cette fatalité.

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Phénomène résiduel
Je suis originaire de l’Afrique subsaharienne et je vis en Tunisie depuis plus d’une quinzaine d’années. Le témoignage d’Affet Mosbah sur le racisme en Tunisie ne pouvait être plus véridique. Mais cela est loin de faire du Tunisien un pur raciste. Personnellement, je pense que les Noirs d’ici (Tunisiens et étrangers) ont une grande part de responsabilité dans ce racisme ambiant. Comment l’autre peut-il savoir que nous souffrons lorsque nous lui sourions ou continuons tranquillement notre chemin après avoir entendu des propos racistes ? Dès qu’un Noir pense avoir réussi socialement, il écarte toute éventualité de se marier avec une Noire, confirmant ainsi son infériorité aux yeux de certains. Enfin, que dire du « racisme » des Noirs envers d’autres Noirs ? Des membres de ma propre famille se sont opposés à ce que j’épouse une Noire tunisienne en la qualifiant de konnyo (esclave). Commençons donc par balayer devant notre propre porte.

Un comportement inconscient
Je ne me reconnais pas dans l’article d’Affet Mosbah, et je suis blessée par ce qu’elle dit. En contemplant sa photo, je vois immédiatement qu’elle est belle, élégante, élancée, digne et racée. D’après elle, si je dis : « Comme elle est belle, l’Oussifa ou la Kahloucha (la Noire) », je serais immédiatement taxée de racisme ? Même chose, si je disais : « Il a une belle voix, l’Oussifou ou le Kahlouch (le Noir) » à propos de son cousin Slah Mosbah, le grand chanteur à la voix belle et mélancolique ? N’exagérons pas. Les termes kahlouch(a) et oussiff(a) que l’on entend en Tunisie à propos des gens de race noire ne sont que d’innocentes amabilités.
Quant à agresser quelqu’un, verbalement ou physiquement, dans la rue, tout simplement parce qu’il a la peau noire, je n’y crois pas. Ce qu’elle étiquette comme racisme est un comportement spontané, inconscient, ordinaire, sans importance. Il n’est pas nécessaire de l’exagérer ou de le gonfler. La preuve : les Noirs eux-mêmes ne s’en plaignent pas et ça ne gâche pas leur vie ou leur quotidien. Savez-vous que des familles blanches ont pour nom de famille Loussif ou Ahid (esclave) et que des couples de Tunisiens blancs confient leur bébé à une nourrice noire pour l’allaiter sans aucune arrière-pensée ?

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