PTA Bank, tous azimuts
Sortie de crise, la Banque d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe pour le commerce et le développement, PTA Bank, cherche à attirer de nouveaux investisseurs hors de ses marchés historiques. Elle prospecte sur le continent, bien sûr, mais aussi en Asie et en Europe.
Il est loin le temps où la Banque d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe pour le commerce et le développement, plus connue sous le nom de PTA Bank (pour Preferential Trade Area Bank), était en crise. Fin 2013, elle a vu son bilan passer à 2,2 milliards de dollars (1,6 milliard d’euros), contre 1,3 milliard en janvier 2012. Une belle performance, à attribuer à l’intérêt sans cesse croissant des investisseurs étrangers pour l’Afrique, mais aussi au besoin criant d’institutions financières capables de soutenir l’intégration régionale sur le continent.
Mandat
« Nous sommes une institution de financement du développement, avec des prêts ciblant les petites entreprises, la microfinance, l’agriculture et les infrastructures. Ce sont typiquement des domaines qui ne sont en général pas bien couverts par le marché », explique Admassu Tadesse, PDG de cette banque qui regroupe les pays membres du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa).
Tout le monde est captivé par l’essor de l’Afrique, et tout le monde y veut une exposition, Mais comment gérez-vous cela de façon intelligente ?
« Mais nous avons aussi un mandat très fort pour couvrir le financement du commerce, et nous offrons un ensemble de services aux clients sous forme de prêts à court, moyen et long termes », poursuit-il.
Reste que les prêts à court terme sont « beaucoup moins risqués ». Résultat, « près des deux tiers de notre portefeuille est constitué de ce type de prêts, et nombre d’entre eux sont destinés au financement du commerce, une activité très rentable », ajoute l’Éthiopien.
Exposition
Au cours des cinq dernières années, le rendement des capitaux propres de l’institution basée à Bujumbura (Burundi) a été de 10 % en moyenne – il a même atteint 14 % en 2012. « Pour 2013, nous tablons sur un rendement de 15 % », se félicite Admassu Tadesse. Les investisseurs se bousculent : soit pour financer la banque, soit pour y acheter des parts. PTA Bank connaît depuis quatre ans une croissance de sa base d’actifs de l’ordre de 30 % par an.
« Tout le monde est captivé par l’essor de l’Afrique, et tout le monde y veut une exposition, soutient le patron. Mais comment gérez-vous cela de façon intelligente ? Par exemple, le Zimbabwe, l’Éthiopie ou le Soudan sont des marchés frontières mal connus des banques commerciales classiques, si bien que les gens sont rassurés en travaillant avec nous, parce que nous sommes une institution multilatérale. Nous avons une structure juridique semblable à celle de la Société financière internationale [IFC, filiale de la Banque mondiale dévolue au secteur privé]. »
actionnaires de PTA Bank.] noopener noreferrer" type="image" target="_blank" href="https://www.jeuneafrique.com/images/stories/regions/ASS/20-actionnaires.jpg" class="jcepopup icon-left"> En novembre 2012, PTA Bank a levé avec succès 150 millions de dollars auprès de plusieurs groupes bancaires sous la forme d’un prêt syndiqué. « Nous avons toujours eu une bonne relation avec les banques asiatiques. Mais pour la première fois, le japonais Bank of Tokyo-Mitsubishi a participé au prêt, tout comme la Banque industrielle et commerciale de Chine », explique Admassu Tadesse. Dans la foulée de cette opération, la banque a collecté près de 35 millions de dollars en augmentation de capital auprès de ses actuels actionnaires et 43 millions de dollars via de nouvelles souscriptions.
« Un fonds de pension sud-africain a signé, ainsi qu’une compagnie d’assurances régionale basée à Nairobi et une institution mauricienne. Tous trois devraient conclure leur participation très prochainement. Mieux, nous sommes en discussion avec une institution financière italienne qui pourrait devenir notre premier actionnaire européen. »
Ouverture
Signe de cette volonté d’ouverture extracommunautaire, PTA Bank a invité des pays non membres du Comesa à la rejoindre. « Nous nous sommes dit que nous devions également faire des affaires avec tous ces pays qui bordent notre zone. L’Algérie, la Tunisie, le Tchad ou la Centrafrique sont donc éligibles s’ils souhaitent devenir membres. » L’institution a même démarché des pays comme la Corée du Sud, la Malaisie, l’Inde, le Japon, le Brésil, la France, l’Allemagne et les pays du Golfe pour une prise de participation à son capital.
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Pour attirer les grands fonds de pension, PTA Bank a en outre réformé son conseil d’administration en introduisant un peu plus de voix et de membres institutionnels. Elle entend également intégrer des banquiers de classe mondiale en tant qu’administrateurs indépendants non exécutifs. Ils viendront enrichir la base de compétences au sein du conseil d’administration et veilleront à ce que l’institution financière soit irréprochable en matière de gestion des risques. Pour limiter ceux-ci, justement, la banque doit diversifier ses investissements, qui étaient jusqu’ici principalement concentrés au Zimbabwe et en Zambie.
Comme pour confirmer que PTA Bank est sur la bonne voie, l’agence de notation Fitch Ratings a amélioré sa note en octobre 2013, de BBB- à BB, en raison de sa forte capitalisation et de sa rentabilité à toute épreuve.
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