La vérité, les yeux dans les yeux
Lors du huis clos tripartite qu’il a organisé avec ses pairs ivoirien (Laurent Gbagbo) et burkinabè (Blaise Compaoré), le 27 juillet, au palais de Koulouba, à Bamako, en prélude au sommet d’Accra sur la crise ivoirienne, le président malien Amadou Toumani Touré n’a pas pris de gants. Dans son propos liminaire, ATT a, en effet, mis chacun de ses hôtes devant ses responsabilités : « On n’est pas à Bamako pour faire de la diplomatie, mais pour se dire la vérité. Nous sortirons à trois de la crise ou nous sombrerons ensemble. Si nous entrons tous les trois en guerre, nous perdrions la face devant nos populations et le reste du monde. » Puis il a poursuivi en ces termes : « Laurent, regarde-moi bien dans les yeux ! Tes gens disent régulièrement que je soutiens les rebelles, alors que tu sais toi-même que c’est faux. Le seul responsable politique ivoirien que je connaisse, c’est bien toi. Cela fait des années que tu viens au Mali où tu comptes beaucoup d’amis et où tu es chez toi. Tu n’imagines donc pas un seul instant que je puisse comploter contre toi ou que je veuille mettre quelqu’un d’autre à ta place. » Se tournant ensuite vers Compaoré, il a ajouté : « Blaise, certains de tes gars m’accusent de soutenir Laurent parce que j’ai refusé d’armer les rebelles. Tu sais bien que j’ai raison de faire cela et que je ne soutiens ni Laurent ni les rebelles. Alors, discutons, aplanissons nos différends, pour le bien de nos populations qui vivent en toute fraternité depuis des siècles. Je le répète, nous nous en sortirons ensemble ou nous coulerons ensemble… » Pour la première fois depuis le début du conflit ivoirien, assure une source privilégiée, Gbagbo et Compaoré se sont expliqués, pendant cinq heures d’horloge, en se regardant droit dans les yeux, y compris lors du déjeuner composé, pour l’occasion, de mets maliens, ivoiriens et burkinabè.
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