L’alternative
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L’élection présidentielle américaine se déroulera dans trois mois. Que George W. Bush soit réélu ou battu a une certaine importance pour nous tous ; s’il était battu, dans le monde entier, la majorité des gens se réjouirait (et le manifesterait).
C’est la première fois dans l’histoire récente que nous assisterions à un tel phénomène, preuve de la détestation mondiale que l’actuel président des États-Unis suscite et de l’importance planétaire acquise par son pays.
Mais qu’est-ce qui changerait si les Américains élisaient, le 2 novembre prochain, John Kerry ? On est en droit de se poser la question maintenant que le candidat investi par les démocrates a revêtu l’habit du présidentiable.
Rien d’essentiel, car le rapport des forces resterait intact, mais beaucoup de petites choses qui, s’ajoutant les unes aux autres, pourraient créer une nouvelle donne.
À Washington d’abord, ce serait un changement de régime : à la tête de l’État fédéral, un intellectuel réfléchi et propre, doté d’un jeune vice-président extraverti et qui a tout à apprendre, succéderait à un ex-alcoolique inculte, transfiguré en pseudo-missionnaire, dominé par un vice-président ultraconservateur et englué dans les affaires.
Avec eux disparaîtrait la kyrielle de néoconservateurs arrogants et sharoniens dont « l’idéologie » a donné Guantánamo, Abou Ghraïb, un coup de fouet au terrorisme et, pour l’Irak, la guerre civile dont nous voyons les prémices.
L’Union européenne, la Chine, le Japon, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, pivots et ossature du monde de ce XXIe siècle, auraient à Washington non plus un prétendant à l’hégémonie, mais un partenaire qui, se sachant le plus puissant, n’a pas besoin de le clamer.
Les grands problèmes du monde seraient replacés dans la hiérarchie que leur donnent les gens raisonnables.
Au lieu d’être gaspillé dans des guerres inutiles et dans un armement superflu, l’argent serait mieux utilisé, pour lutter contre l’inégalité et les fléaux qui affectent les plus pauvres.
L’ONU et ses agences retrouveraient les moyens et le rôle qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’avoir.
Quant à la « guerre mondiale contre le terrorisme », dont Bush et ses hommes ont fait un instrument de pouvoir personnel, elle devrait, on l’espère, être recadrée pour extirper les racines et les causes du phénomène, pas ses manifestations, pour isoler les égarés qui ont choisi la violence comme moyen d’expression, au lieu de leur fournir de nouvelles recrues.
En un mot comme en cent, la diplomatie, l’économie et une politique de l’énergie reprendraient le dessus ; la gesticulation politico-militaire des trois dernières années serait mise au rancart, avec ceux qui n’ont rien su faire d’autre…
Un rêve ? Espérons qu’il se réalise. L’autre terme de l’alternative serait un cauchemar.
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