Drôles de papillons

Tel un entomologiste, le journaliste Fabrice Gaignault s’est amusé à épingler des célébrités du monde des arts et des lettres.

Publié le 2 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Jean d’Ormesson, Michel Houellebecq, Sting, Brigitte Bardot, Françoise Sagan ou encore Paulo Coelho sont quelques-uns des personnages illustres croqués, voire épinglés par un journaliste « collectionneur ». Ces spécimens des lettres et des arts, Fabrice Gaignault, rédacteur en chef à Marie-Claire, les a rencontrés au cours de ses pérégrinations et les a observés avec la patiente attention d’un entomologiste. Certains d’entre eux se sont livrés en quelques battements de cils tel feu Frédéric Dard, le créateur de San Antonio, qui confesse une enfance miséreuse : « Jusqu’à 12 ans, j’étais un petit gars qui se lavait le cul dans l’évier. » D’autres, comme quelque discrète chenille, n’ont daigné sortir de leur cocon qu’après avoir passé plusieurs jours en compagnie de l’auteur du livre. Le Clezio est l’un de ceux-là. C’est à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, que l’écrivain français a progressivement dévoilé un coin de son âme. « L’homme s’ouvre peu à peu, il lui faut du temps, il faudra cinq jours pour apprivoiser ce solitaire », écrit l’auteur de La Chasse à l’âme.
Il y a aussi ceux qui renâclent à se laisser prendre dans les filets de Gaignault, telle la presque centenaire Leni Riefenstahl. Cette défunte réalisatrice, jadis groupie de Hitler, rechigne en effet à parler de sa relation sulfureuse avec le Führer, préférant évoquer les « si beaux » Noubas.
« Je n’ai retenu que ceux qui m’ont fourni les preuves que ce qu’ils écrivaient, peignaient, photographiaient ou jouaient correspondait à ce que j’attendais d’eux. Ou que je trouvais en eux. Cela ne veut pas dire que ce soient les meilleurs », écrit Gaignault. En effet, il arrive que des papillons de la plus belle espèce redeviennent, sous l’effet d’une curieuse mutation, de ternes chrysalides. À l’image de Brigitte Bardot, dont les propos acides laissent notre collectionneur dubitatif. « On oublie que les mythes modernes donnent naissance à des oracles de pacotille. Les pythies de Celluloïd s’abreuvent au Café du commerce, comme beaucoup de pseudo-penseurs médiatiques. »
Stendhal écrivait : « Le livre est un miroir qu’on promène le long des chemins. » La Chasse à l’âme pose un nouveau regard sur ces personnalités et nous les montre telles qu’elles sont de l’autre côté du miroir. Souvent étonnantes, parfois agaçantes, mais toujours authentiques.

La Chasse à l’âme, de Fabrice Gaignault, éd. La Table ronde, 302 pp., 18 euros.

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