Bangkok sans contrefaçon

Publié le 2 août 2004 Lecture : 3 minutes.

« Patpong show, Patpong show ! » Les rabatteurs se démènent, fiche tarifaire à la main, pour attirer le touriste. Le quartier Patpong – en fait deux rues où l’activité ne faiblit jamais – est un haut lieu du tourisme sexuel. Officiellement, les – très – jeunes filles, dans ces bars, ne sont là que pour danser, en très – petite tenue devant un public constitué essentiellement de touristes occidentaux plus vraiment jeunes.
Pour ceux qui ne se doutent de rien – s’il en existe encore -, les rabatteurs proposent un argument infaillible dans la chaleur humide de Bangkok : la première bière bue est à 20 baths (moins de 50 centimes d’euro). Une broutille. Ensuite, une fois la « victime » installée dans la pénombre du cabaret, les jeunes filles se chargeront de lui donner envie de consommer davantage. Et pas seulement de l’alcool. Menues, le visage ayant encore les rondeurs de l’enfance, elles savent parfaitement exposer leurs atouts et provoquer, à force de frôlements, d’oeillades et de poses lascives, une perte totale de repères. Dès lors, les filles se donnent au plus offrant. Les relations s’instaurent et vont de la tendresse dispensée sans compter à l’accompagnement sur la durée du séjour. L’un comme l’autre y trouve finalement son compte. Elle gagne de quoi nourrir toute une famille, et lui s’entend répéter qu’il est l’homme le plus beau et le plus doux qu’elle ait jamais rencontré. Et le couple éphémère vit ainsi quelques jours.
Mais la prostitution thaïlandaise peut également être beaucoup plus sordide. Certains bars, notamment dans le quartier « Nana », proposent des services nettement moins soft. En poussant la porte, on découvre, dans la pénombre du lieu, un homme plutôt sexagénaire que trentenaire sur les genoux duquel se trouvent trois ou quatre préadolescentes répondant aux moindres désirs de leur client pour un « salaire » encore plus maigre que celui qu’elles peuvent obtenir à Patpong.
Mégalopole de 8 millions d’habitants où une chaleur humide règne en permanence et réduit à néant les velléités des marcheurs, la ville n’est a priori pas très hospitalière. Embouteillages permanents, bruit incessant, pollution étouffante, Bangkok présenterait même quelques aspects hostiles. Mais tout comme on peut s’éloigner des sexagénaires libidineux achetant les services de jeunes thaïs, on peut également se détourner des temples du shopping et des marchés à touristes proposant des contrefaçons allant du caleçon Calvin Klein au sac de golf Vuitton.
La visite des temples et palais, leur quiétude et la sérénité qui en émane plongent le visiteur dans un milieu totalement différent. Empreints de solennité, ces lieux saints sont une respiration bienvenue pour qui souffrirait d’agoraphobie soudaine. C’est là toute la dualité de Bangkok. D’un côté une ville hyperactive, où les tuk-tuk, les taxis-tricycles motorisés, tentent de se frayer un passage dans une circulation dense au prix d’écarts de conduite stressants pour le passager novice, et, de l’autre, une ville historique et artistique, qui réserve aux touristes des éblouissements, comme lorsqu’ils visiteront le temple du Bouddha couché, véritable objet de vénération, ou lorsqu’ils emprunteront un bateau pour sillonner les klongs, des canaux parcourant la ville et au fil desquels ont été bâties des maisons sur pilotis. La rivière Chao Praya qui traverse Bangkok de part en part résume d’ailleurs bien ces deux identités. Sur ses berges, le visiteur appréciera autant les merveilles d’architecture ancienne que des gratte-ciel. Et sur l’eau, les turbulents jet-skis, le dernier sport à la mode, contrastent avec le calme des traditionnels bateaux en teck.

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