Zoellick, le marathonien

Publié le 2 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

La priorité pour Robert Zoellick, qui remplace cette semaine Paul Wolfowitz, parti dans des conditions houleuses, à la présidence de la Banque mondiale, sera d’apaiser les esprits et de remotiver le personnel. « Je veux faire comprendre à ces hommes et à ces femmes que je connais leurs qualités, a-t-il déclaré au Financial Times. Ce qui nous rapprochera le plus, c’est d’avoir conscience que nous avons la même mission et les mêmes objectifs. »
Il faudra pour cela de la patience et de l’endurance, mais Zoellick n’en manque pas : c’est un coureur de fond qui courut un jour les 42,195 km d’un marathon en 2 heures 32, une performance de niveau mondial. Déjà candidat à la présidence de la Banque en 2005, il avait échoué en raison du soutien apporté par le vice-président Dick Cheney à Wolfowitz, son allié de la guerre en Irak. Sans rechigner, Zoellick a alors accepté le poste de numéro deux du département d’État, puis, après un passage au Trésor, a rejoint la banque d’investissement Goldman Sachs, en 2006.
Né en 1953 à Napierville, dans l’Illinois, Zoellick a grandi dans une ambiance toute militaire entretenue par son père, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et de celle de Corée. Il en a gardé une passion pour l’histoire militaire. Après des études de droit à l’université Harvard, c’est sous la protection de James Baker, le futur ex-secrétaire d’État, qu’il gagne ses premiers galons. Il fait ses débuts à ses côtés, dans les années 1980, au département du Trésor, devenant un personnage clé des négociations monétaires internationales.
De Baker, Zoellick a appris le réalisme en politique étrangère. Il s’efforce de promouvoir partout dans le monde une démocratisation pacifique, par le biais du développement et non par celui d’une occupation militaire. Au cours d’une carrière qui a embrassé l’économie internationale, la diplomatie, la finance et la politique, il a fait la preuve de ses talents de stratège et de tacticien. Mais il ne dédaigne pas les coups fourrés, comme lorsqu’il vola au secours de Bush pendant le recomptage des voix en Floride, lors de la présidentielle de 2000. Fort peu mondain, il peut paraître arrogant et distant. Dans les négociations commerciales, il utilisait une stratégie qui faisait de lui le contraire d’un joueur de poker. Il disait : « Voici ma dernière proposition. Faites-moi savoir quand vous aurez décidé de l’accepter, de préférence dans un quart d’heure. »
Exigeant envers lui-même comme envers les autres, il travaille treize heures par jour, mais réussit à se ménager un peu de temps pour lire, faire du jogging et observer les oiseaux. Son talent pour les prises de décision rapides et son goût pour la méritocratie devraient séduire le personnel de la Banque. Capable de nouer de solides relations avec un homme comme Pascal Lamy, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont le background politique est aux antipodes du sien, il n’en est pas moins obsédé par le résultat. « On peut avoir la meilleure stratégie du monde, dit-il, si on ne parvient pas à l’appliquer, ce n’est pas une stratégie. »
Au cours des dernières semaines, il a fait un quasi-tour du monde, passant de l’Europe, à l’Afrique et à l’Amérique latine. L’Europe souhaite que la Banque mondiale joue un plus grand rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. En Afrique, la priorité est la réduction de la pauvreté. Et l’Amérique latine peut donner des indications sur la manière d’aider les pays à revenus intermédiaires. Zoellick est également conscient de la nécessité de travailler avec à peu près tout le monde : banques régionales, fonds d’investissement, fondations privées, secteur privé, ONG Il entend être à l’écoute des clients et recourir largement au partenariat.
Au Financial Times, le nouveau président a donné un aperçu de ses priorités : l’aide aux pays les plus pauvres, les prêts aux pays émergents, le soutien aux pays sortant d’un conflit, la lutte contre le réchauffement climatique, l’appui aux pays arabo-musulmans tournés vers la modernité Le grand défi auquel il est confronté, explique-t-il, est de « convaincre les pays riches que personne ne peut dormir sur ses deux oreilles quand un ou deux milliards de personnes n’ont rien à se mettre sous la dent, mais sont bien informées de ce qui se passe dans le monde ».

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