Mali-Algérie : qui est Yahia Djouadi, chef d’Aqmi tué par la France ?

Une opération des soldats français de Barkhane a mené à la neutralisation fin février de Yahia Djouadi. Surnommé « l’émir du Sahara », cet Algérien était un haut cadre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Patrouille du PRI (peloton de reconnaissance et d’intervention) dans la région de Tombouctou. © Etat-major des armées/France

Publié le 7 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

L’opération, menée par les forces spéciales françaises à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou, dans le septentrion malien, a conduit à la « neutralisation de Yahia Djouadi, alias Abou Ammar al-Jazaïri, haut cadre historique d’Aqmi […] dans la nuit du 25 au 26 février », a annoncé l’état-major des armées françaises par voie de communiqué ce lundi 7 mars.

La mort du chef jihadiste, qui fut le conseiller militaire d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique tué en juin 2020 par l’armée française, a été rendue possible « par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère d’attaque et de reconnaissance Tigre et deux drones », précise Paris. Le lieu de l’opération qui a mené à son élimination correspond à la zone de repli de la katiba Al-Forqane, antenne d’Aqmi dans le Sahel.

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Présenté comme « un relais majeur » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche sahélienne d’Al-Qaïda dans le nord du Mali et particulièrement dans la région de Tombouctou, ce jihadiste d’une cinquantaine d’années était originaire d’Algérie.

Du GIA à AQMI

Natif de Sidi Belabbès (Ouest), il rejoint en 1994 le Groupe islamique armé (GIA), qu’il quitte entre 1997 et 1998 lors de la période des grands massacres de la décennie noire. Il crée alors sa propre organisation armée, le Groupe salafiste combattant (Al-Jamaa al-Salafiya al-Qitaliya). Sans y adhérer, il soutient la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, en 1998.

Il coordonn[ait] l’approvisionnement en matériels au profit du haut commandement du GSIM et d’Aqmi

Il finit toutefois par rallier le GSPC en 2002 et devient très proche d’Abdelmalek Droukdel. Une amitié qui perdurera jusqu’à l’élimination de ce dernier en juin 2020. Nommé émir du Sahara au mitan des années 2000, Djouadi a d’abord été envoyé comme médiateur du conflit entre Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar.
Djouadi a ensuite été remplacé par Nabil Abou Alqama en 2011. Après la révolution libyenne, Droukdel charge Djouadi d’implanter solidement Aqmi en Libye, où il a assumé un rôle de supervision plus discret au cours de la dernière décennie, notamment la gestion du financement, de la logistique et de la formation des combattants. Il y restera au moins jusqu’à 2019, puis rejoint le Mali.

Depuis la région de Tombouctou, « il coordonn[ait] l’approvisionnement en matériels au profit du haut commandement du GSIM et d’Aqmi [et assurait la coordination] logistique et financière du groupe », affirme l’armée française.

Installé dans le nord du Mali, il avait pris la tête de la « 9e région militaire » d’Aqmi, qui couvre le sud de l’Algérie et le Sahel. « L’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique a commis plusieurs actes de terrorisme dans la région et a revendiqué la responsabilité de l’enlèvement de deux touristes autrichiens dans le sud de la Tunisie le 22 février 2008. Les deux touristes autrichiens ont été emmenés au nord du Mali, où [sévissait] Yahia Djouadi », expliquent quant à elles les Nations unies, qui l’avaient placé sous sanctions. Également à son actif, un attentat contre des militaires mauritaniens en 2008 à Tourine et une embuscade ratée contre des soldats algériens en octobre 2009, entre Ghardaïa et Béchar.

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« Succès tactique »

L’armée française, qui a annoncé son départ du Mali mi-février après neuf ans de présence, salue un « succès tactique significatif » qui permet « une nouvelle fois d’affaiblir la gouvernance qaïdiste ». Sa neutralisation « marque l’isolement de l’émir du GSIM, Iyad Ag Ghali, qui voit la disparition de toutes les figures expérimentées de son entourage », se félicite-t-elle.

Entre 2021 et 2022, plusieurs cadres de la nébuleuse jihadiste ont été arrêtés ou neutralisés. C’est le cas notamment d’Abdel Nasser, dit Baye Ag Bakabo, principal suspect dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, en 2013 – il a été tué en juin dernier par une frappe française. Ou encore d’Abou Nasser, alias Nasser al-Tergui, chef de la katiba Gourma, tué en octobre 2021 dans la région de Gossi.

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