Gestion de l’eau : Dakar allie partenariat public-privé et travaux d’envergure

Focus sur les forces et faiblesses de la gestion de l’or bleu par la capitale sénégalaise, qui accueille du 21 au 28 mars le 9e Forum mondial de l’eau.

Usine de traitement d’eau potable de Keur Momar Sarr (KMS). © Sen’eau.

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Publié le 21 mars 2022 Lecture : 3 minutes.

La population de la région de Dakar, qui avoisine les 4 millions d’habitants, ne cesse de croître et avec elle, ses besoins en eau. Depuis début 2020, la production et la distribution de l’or bleu en milieu urbain et périurbain est assurée par la société Sen’eau, association entre des capitaux sénégalais (à hauteur de 55 %) et le groupe français Suez (à 45 %), dans le cadre d’un contrat d’affermage s’étalant sur quinze ans (estimé à plus de 1,5 milliard d’euros de chiffres d’affaires).

Son attribution, au détriment d’Eranove, l’acteur en place jusqu’en 2019, et de Veolia, rival historique de Suez aujourd’hui en train de l’absorber en partie, avait fait du bruit alors que l’offre de Suez n’était pas la moins-disante. Passé la difficile période de transition, l’opérateur a mis en place une politique de grands travaux tout en numérisant ses pratiques : les nouvelles souscriptions, le relevé du compteur d’eau et le paiement des factures peuvent désormais se faire en temps réel via un smartphone.

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Dessalement

Sur le plan des infrastructures, la dernière réalisation en date est l’usine Keur Momar Sarr 3 (KMS3), inaugurée par le président Macky Sall en juillet 2021. D’une capacité à terme de 200 millions de litres d’eau par jour, l’ouvrage, doté d’une conduite d’eau de 216 km et d’un coût de 274 milliards de francs CFA (soit 418 millions d’euros), devrait couvrir les besoins de la région jusqu’à l’horizon 2035. Il vient compléter le dispositif existant comptant au total quatre usines de traitement d’eau potable (Ngnith, réhabilitée en 1999, Keur Momar Sarr 1, 2 et 3).

L’autre chantier en cours est réalisé par le groupement privé constitué par le japonais Toyota Tsusho, le français Eiffage et le suisse Wabag. Il s’agit d’une usine de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 50 000 m³ (extensible à 100 000 m³) dans la zone résidentielle des Mamelles. Le projet, qui prévoit aussi la pose de 13,5 km de nouvelles conduites de distribution et la réhabilitation du réseau de distribution de 243 km, est chiffré à 115,4 milliards francs CFA (soit 176 millions d’euros) et en partie financé par un prêt concessionnel de 206 millions d’euros de l’Agence de coopération internationale japonaise (JICA).

Nouvelles stratégies de financement

À chaque fois, la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) vient en appui du secteur privé pour faciliter le financement des investissements via des emprunts auprès de bailleurs de fonds, des contrats de coopération et des subventions de l’État. La conjugaison public-privé permet de mettre en place de nouvelles stratégies de financement (qui s’étalent au-delà de la durée du mandat des élus) tout en menant des chantiers d’envergure dans des délais raisonnables. Ce type de partenariat a pour objectif de gagner en efficacité et de réduire les coûts. Les entreprises, chargées de l’entretien des infrastructures qu’elles construisent, ont souvent intérêt à innover, pour réduire leurs frais sur le long terme ; ce qui profite également au service public.

Quant au traitement des eaux usées, il est géré par l’Office national de l’assainissement au Sénégal (Onas), établissement public créé en 1996. L’épuration se fait via la station de traitement des eaux usées de Cambérène, qui passera d’un volume de 19 000 m³/jour à 90 000 m³/jour, et via un réseau unitaire d’égouts alors que la plupart des zones périphériques de Dakar utilisent des fosses septiques. Si le système dakarois réussit à monter en puissance et à gérer de façon relativement efficace la ressource, certains acteurs pointent les difficultés de coordination inhérentes à une gestion répartie entre différents acteurs.

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