Les femmes du président

Deux ambassadrices nommées à Paris et à Genève, auprès de l’ONU.

Publié le 2 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est une petite révolution. Le 23 juin, deux femmes ont été nommées ambassadrices de Mauritanie. L’une et l’autre vont occuper des postes très convoités et sensibles. La première, Lematt Mint Awnen, succède à Baba Ould Sidi, l’ancien ministre de la Défense de Maaouiya Ould Taya, à la tête de la mission diplomatique à Paris. Ancienne secrétaire exécutive chargée des femmes au sein du Parti républicain démocratique et social (PRDS), l’ex-formation au pouvoir, cette enseignante d’anglais – qui, bien sûr, parle aussi un français parfait – était secrétaire générale du ministère de la Condition féminine. « Le président Abdallahi a beaucoup apprécié son dynamisme pendant la récente campagne électorale », commente un familier du sérail.

Nommée à Genève, au siège européen de l’ONU, sa collègue Mounina Mint Abdallah serait plutôt, dit-on, proche du Premier ministre Zeine Ould Zeidane. Enseignante de formation, elle fut directrice au département des femmes. « C’est une étape logique de notre combat pour l’égalité », estime fièrement une parlementaire. De fait, les femmes détiennent aujourd’hui 20 % des sièges de députés, trois portefeuilles ministériels et quatre postes de secrétaires généraux de ministère.
Autre trait marquant de ce mouvement diplomatique qui a touché la quasi-totalité des représentations mauritaniennes à l’étranger : la nomination de Sidi Mohamed Ould Boubacar à Madrid. Ancien Premier ministre d’Ould Taya, celui-ci fut ambassadeur en France avant de retrouver la primature au lendemain de la révolution de palais du 3 août 2005. Les 18 et 19 juin, le président Ould Cheikh Abdallahi l’a dépêché à Manhasset, près de New York, pour représenter la Mauritanie aux négociations sur le Sahara occidental. Ancienne puissance coloniale de ce territoire, l’Espagne pourrait bien être, selon plusieurs observateurs, « le bon endroit » pour continuer à s’occuper du dossier.
Ould Boubacar n’est cependant pas la seule grosse pointure à prendre en charge un dossier diplomatique chaud. Dernier ministre des Affaires étrangères d’Ould Taya, Mohamed Vall Ould Bellal est ainsi très attendu à Dakar. Sa priorité n’est pas un mystère : le retour aussi rapide que possible des milliers de Négro-Mauritaniens réfugiés au Sénégal depuis une quinzaine d’années.

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Les anciens ministres Mohamed Lemine Ould Selmane, Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, Boullah Ould Mogueya et Hamada Ould Meimou sont pour leur part nommés, respectivement, à Johannesburg, Pékin, Moscou et Koweït-City. « Ce ne sera pas une sinécure, parce qu’il n’est plus question de maintenir un poste diplomatique à l’étranger pour la forme », dit-on au ministère des Affaires étrangères. À preuve, on parle de la fermeture de quatre ambassades importantes, au Royaume-Uni, au Japon, au Canada et en Jordanie.
La raison ? « Stricte-ment financière, soutient la même source. Nous sommes obligés de réduire nos dépenses en raison de l’importance de notre déficit budgétaire : 30 milliards d’ouguiyas, cette année. » Reste à savoir si les nouveaux ambassadeurs seront en mesure de donner une impulsion nouvelle à une diplomatie souvent accusée, à tort ou à raison, d’être en perte de vitesse. La plupart des personnalités concernées viennent de la sphère politique. Les diplomates de carrière sont peu nombreux, et l’on chercherait en vain un représentant de la société civile ou des milieux d’affaires. Les cadres de l’opposition brillent, eux aussi, par leur absence. « Cela contrevient à la promesse du nouveau président de dépolitiser la diplomatie et la fonction publique », regrette l’un d’eux.

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