Le business de la nuit

De Tunis à Sousse et à Hammamet, l’industrie du nightclubbing est en plein boom.

Publié le 2 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Pour les noctambules, l’été, c’est le temps de la fête. Pour d’autres, beaucoup d’autres, c’est celui du business. Dans les discothèques, bars de nuit et restaurants branchés, on travaille d’arrache-pied pour satisfaire une clientèle tunisienne et étrangère de plus en plus nombreuse et exigeante. De Tunis à Sousse et à Hammamet, les patrons des boîtes de nuit rivalisent d’imagination pour créer des soirées à thème et drainer le maximum de clientèle. Ce qui n’empêche pas de nombreux établissements de disparaître aussi vite qu’ils étaient apparus, la saison précédente. Pourtant, dans ce monde de l’éphémère, quelques rares institutions résistent au temps.
C’est le cas du Calypso, à Hammamet. La recette du succès de cette célèbre discothèque en plein air tient en un mot : sé-lec-tion. Ici n’entre pas qui veut. Une équipe de videurs et de physionomistes est là pour faire le tri, en fonction de critères parfois assez mystérieux. Regards sombres et bras croisés, ils sont les gardiens du temple. Et le pire cauchemar de certains oiseaux de nuit. Garçons et fille se mettent sur leur trente et un et arborent leur plus beau sourire pour circonvenir les cerbères et éviter de s’entendre dire : « Désolé, c’est complet ce soir. » « C’est injuste ! proteste Mehdi (23 ans), tout ce chemin depuis la capitale pour se voir refuser l’entrée. » Les gros bras restent intraitables.

Moez (28 ans) et ses amis n’ont pas ce genre de problème : ce sont des habitués. Le groupe entre sans difficulté et se voit même frayer un chemin jusqu’à sa table. « Tout le monde se connaît, raconte le jeune homme. Il y a cinq ou six groupes d’une soixantaine de personnes qui sortent beaucoup et peuvent dépenser entre 1 500 et 2 000 DT par week-end [1 DT = 0,57 euro]. Ce sont eux qu’on voit toujours aux tables VIP, inaccessibles au commun des mortels. »
Ce soir, au Calypso, c’est l’ouverture de la saison. Musique à fond et alcool à gogo, les jeunes s’en donnent à cur joie. Et le patron ne s’en plaint pas. « En moyenne, explique Slim Aloulou, le directeur général, un client dépense entre 30 DT et 40 DT, mais ça peut monter jusqu’à 200 DT, voire 300 DT. » Sachant que l’établissement peut accueillir jusqu’à deux mille personnes, faites le calcul L’essentiel de la recette provient de la vente d’alcool.

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Pour se maintenir au top et rester branché, le Calypso accueille les plus grands DJ internationaux : David Guetta, DJ Sacha, Benny Beassi et bien d’autres. Résultat : la Tunisie figure aujourd’hui dans le peloton de tête du nightclubbing planétaire. Le public est de plus en plus jeune. « 70 % des clients des boîtes de nuit ont entre 18 ans et 25 ans et appartiennent à des familles plus ou moins aisées. 20 % ont entre 25 ans et 30 ans », précise un professionnel.
À Hammamet toujours, la clientèle du Guitoun, qui, pour sa part, peut accueillir cinq mille personnes, est un peu différente. À côté des habituels jeunes clubbers branchés, on y trouve d’incorrigibles fêtards sensiblement plus âgés (30-45 ans), qui possèdent généralement une carte de membre. « Il y a aussi beaucoup de Tunisiens résidant à l’étranger, précise Abdelahmid Ben Abdallah, le propriétaire des lieux. Lors de soirées exceptionnelles avec des grands noms de la chanson arabe, notre recette peut atteindre 35 000, voire 40 000 DT. »
Avec leurs salaires mensuels tournant autour de 200 DT, les videurs ne profitent guère de ce pactole. Alors, certains arrondissent leurs fins de mois comme ils peuvent. « Il m’est arrivé de laisser entrer des mineurs qui m’avaient glissé un gros billet dans la poche », explique un ancien de la profession, aujourd’hui reconverti dans l’enseignement du sport. Apparemment, ce genre de pratique reste marginal, tant les autorités se montrent vigilantes : un établissement en infraction sur ce point risque la fermeture. Mais la demande des jeunes est extrêmement forte, preuve, sans doute, que le nightclubbing a encore de beaux jours devant lui en Tunisie.

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