En ébullition

Remboursement de la dette, maîtrise de l’inflation, poursuite des privatisations le pays est sur la bonne voie.

Publié le 2 juillet 2007 Lecture : 3 minutes.

Un secteur privé en ébullition, des projets à foison, des finances publiques assainies, des réformes en marche, une crédibilité sur la scène internationale en passe d’être retrouvée : Umaru Yar’Adua a hérité d’une situation économique bien plus favorable que celle trouvée par son prédécesseur à son arrivée au pouvoir, en 1999. Bien sûr, le grand rêve d’Olusegun Obasanjo – faire du Nigeria la première économie du continent – ne s’est pas réalisé. Mais à bien des égards les vieux démons du milieu des années 1980 – endettement, immobilisme, inflation – sont enterrés.
Grâce à l’envolée des cours du brut, l’État s’enrichit. En 2006, la vente d’or noir et de gaz lui a rapporté 48 milliards de dollars, contre 37 milliards en 2005. À la Banque centrale, les réserves s’accumulent : elles s’élèvent à 41,5 milliards en octobre 2006, près de six fois plus qu’en 2003. Pourtant, le pays s’est considérablement désendetté : en octobre 2005, le Club de Paris efface 60 % de ses créances, soit 18 milliards de dollars, en échange de quoi Abuja rembourse immédiatement les 40 % restants, soit 12 milliards. En 2006, la dette extérieure ne représente plus que 5,5 % de la richesse nationale, contre 50 % en 2004. En janvier et mars 2007, l’État continue sur sa lancée, s’acquittant en deux fois des 1,4 milliard de dollars qu’il doit encore au Club de Londres (qui, à la différence du Club de Paris, réunit les créanciers privés). Malgré les augmentations de la masse monétaire (conséquence des exportations de pétrole), l’inflation, fléau récurrent au Nigeria, est maîtrisée : elle chute à 8,6 % en 2006, contre 18 % en 2005.
Autrefois paria pour la communauté internationale, le pays est devenu un partenaire fréquentable. En juin 2006, le Groupe d’action financière (Gafi), qui lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent – dont le Nigeria est réputé champion -, retire Abuja de sa liste des États non coopératifs.
L’administration Obasanjo s’est donné pour but d’assainir un secteur privé par trop bureaucratique, épars et inefficace. Achevée en février dernier, la réforme des assurances a suivi celle des banques. Dans un cas comme dans l’autre, le but est d’augmenter le capital minimum exigé pour créer une compagnie, en vue de diminuer le nombre d’acteurs et d’en augmenter la taille. Résultat : le marché nigérian ne compte plus que 71 assureurs (contre 100 avant la réforme), et la capitalisation totale est passée de 30 à 200 milliards de nairas (235 millions à 1,5 milliard de dollars). Une réforme identique est en cours dans l’aviation, qui devrait permettre de séparer le bon grain de l’ivraie dans un secteur à la réputation ternie par des professionnels négligents.
Parallèlement, le tempo des privatisations d’entreprises publiques s’est considérablement accéléré en 2006. Quatre-vingt-neuf compagnies ont été vendues, qui ont rapporté 4,25 milliards de dollars à l’État, contre 337 millions en 2005. Le point d’orgue de l’année a été la cession, moyennant 750 millions de dollars, de 75 % du capital de Nigeria Telecommunications Limited (Nitel) à Transcorp, consortium d’investisseurs locaux. La quatrième tentative, depuis 2001, aura donc été la bonne Quatre-vingt-trois compagnies devraient, à leur tour, être privatisées en 2007.
Le Nigeria est sur la bonne route Mais il est encore loin du but. Comme dans la plupart des pays pétroliers, l’or noir n’a pas joué son rôle de moteur du développement, bien au contraire. Les autres secteurs, en premier lieu l’agriculture, fleuron de l’économie nigériane dans les années 1960, ont été négligés. Les télécommunications, depuis 2001 (le secteur croît de 30 % par an en moyenne), apportent toutefois quelque diversification et attirent les investissements étrangers. Dans ce secteur, leur volume s’établissait à 7,5 milliards de dollars en 2005, contre 50 millions en 1999.
Mais l’attractivité du pays reste à améliorer. Les opérateurs économiques étrangers pointent du doigt le problème de la maintenance : le piètre état des infrastructures, des routes notamment, complique considérablement les approvisionnements. Les coupures de courant quotidiennes dans tout le pays obligent les entreprises à produire leur propre énergie (le gouvernement va toutefois affecter 2 milliards de dollars à l’amélioration de la fourniture d’électricité). L’insécurité est une contrainte supplémentaire. À l’usine d’assemblage d’automobiles Peugeot de Kaduna, dans le Nord du pays, on estime que ces spécificités nigérianes engendrent des surcoûts de 25 %.
Un tiers de la population en âge de lire étant analphabète, le problème des ressources humaines se pose bien évidemment. Car si le Nigeria est immensément riche, six habitants sur dix vivent avec moins de 1 dollar par jour.

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