Cure de jouvence

En moins de deux ans, Paul Giniès aura réussi à transformer l’école inter-États de Ouagadougou. Objectif : multiplier les partenariats.

Publié le 2 juillet 2007 Lecture : 2 minutes.

Dans son bureau de Ouagadougou, Paul Giniès énonce fièrement le palmarès de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE). Les formations sont désormais à la norme internationale ISO 9001, l’Institut a été désigné pôle d’excellence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et il devrait accueillir 620 étudiants à la prochaine rentrée (450 en 2006). Au terme d’une révolution interne qui a duré deux ans, l’école d’ingénieurs est devenue une véritable bête de concours. Elle emploie 60 cadres dont 42 enseignants chercheurs de 19 nationalités et vise de pouvoir gérer 1 millier d’étudiants en 2009. « Dont 75 % de boursiers, ajoute Paul Ginies, ce qui montre bien que les États avaient des besoins non satisfaits. » Il fait référence à la structure d’origine, le groupe EIER-ETSHER, composé de l’École inter-États d’ingénieurs de l’équipement rural (EIER), créée en 1968, et de l’École inter-États des techniciens supérieurs de l’hydraulique et de l’équipement rural (ETSHER), née en 1972. Elle formait une centaine de personnes par an, destinées à l’administration des 14 pays de la zone franc. Une mécanique largement subventionnée qui s’enraye en 2004 quand le ministère français des Affaires étrangères réduit ses crédits. Un an d’études au Burkina coûte alors aussi cher qu’une année dans une école française
Nommé directeur en pleine crise, Paul Giniès choisit d’administrer un traitement de choc à l’établissement. Fini les activités annexes comme l’immobilier, la banque ou la restauration. L’équipe d’encadrement est réduite de 40 % et recentrée sur les missions d’enseignement et de recherche. Le recrutement des étudiants est élargi pour augmenter les financements. Le rapprochement avec le secteur privé devient une obsession. Depuis les années 1990, la taille des administrations publiques africaines a fondu. Il faut donc trouver d’autres débouchés pour les diplômés. Créée en 1989, la cellule d’ingénierie permet d’être en prise directe avec les réalités du marché. Gagnés sur appels d’offre, les projets d’études et recherche sont réalisés par les futurs diplômés et encadrés par les enseignants. Un bon moyen de maintenir à niveau les connaissances du corps professoral et d’alimenter en cas concrets les travaux des élèves.
Cela achevé, Paul Giniès veut aller plus loin et milite pour une nouvelle structure juridique. Il reste indifférent aux reproches de ceux qui l’accusent de privatiser l’éducation : « Je suis un pragmatique. » En 2006, il crée la fondation 2IE, qui accueille des représentants des entreprises au sein de son conseil d’administration. La formule séduit Cheikh Daff, responsable des ressources humaines de Sogea Satom, filiale du numéro un mondial du BTP, le groupe Vinci : « Nous avions un important problème de recrutement de techniciens pour la maintenance de notre matériel. En moins d’un an, Paul Giniès et son équipe ont pu nous proposer une formation sur mesure. » Un succès que revendique l’homme fort du 2IE : « Vinci a fait appel à l’école pour un besoin précis, auquel nous avons répondu, et même au-delà de leur demande. En 2008, les élèves, dont la moitié seront financés par Sogea Satom, obtiendront un diplôme bac+3 reconnu. » Cette collaboration pourrait bientôt faire boule de neige. C’est maintenant au tour d’Areva de solliciter le 2IE pour une formation de techniciens nigériens.

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