Au fond de la cellule
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Le centre de détention de Scheveningen est un bâtiment qui passe inaperçu dans le quartier luxueux de la banlieue de La Haye. Taylor est installé dans l’une des douze cellules individuelles louées jusqu’en 2008 par la Cour pénale internationale (CPI). La pièce est presque aussi confortable qu’une chambre d’hôtel : grand lit, douche, WC, lavabo, table, chaise et télévision en cinq langues. Taylor peut se livrer régulièrement à quelques exercices physiques dans la cour de l’établissement, fréquenter la bibliothèque bien fournie ou la salle de jeux. Un médecin, une infirmière et un psychologue sont de garde en permanence. L’ancien président libérien suit même des cours de néerlandais, lit de nombreux ouvrages consacrés aux grands conquérants (Alexandre le Grand, Napoléon Bonaparte). Mais se plaint de la nourriture. Il s’en est ouvert plus d’une fois à Lovemore Munlo, greffier du TSSL. Et réclame les plats africains qu’on lui servait à la prison de Freetown, où il a séjourné près de trois mois avant son transfert aux Pays-Bas.
S’il bénéficie d’un régime carcéral plutôt bienveillant, le célèbre détenu est strictement surveillé et ses moindres faits et gestes sont filmés. Échaudé par le précédent Slobodan Milosevic (l’ancien président serbe avait été retrouvé mort dans sa cellule le 11 mars 2006), le gouvernement néerlandais est particulièrement vigilant. Rien n’est laissé au hasard. Les proches et les avocats autorisés à rendre visite à Taylor, soumis à plusieurs fouilles et vérifications d’identité, doivent signer un document par lequel ils s’engagent à « ne pas dévoiler les détails de la topologie de la prison et de l’état de santé des prisonniers ».
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