Une si discrète condamnation à mort

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 1 minute.

En janvier 2007, la Cour suprême d’Éthiopie l’avait condamné en première instance à la prison à perpétuité. En appel, le 26 mai 2008, la Cour a suivi les réquisitions de l’accusation et prononcé la peine de mort contre l’ancien dictateur, Mengistu Haïlé Mariam, ainsi que dix-sept de ses anciens collaborateurs. Parmi lesquels Legesse Asfaw, le « boucher du Tigré », l’ancien vice-président Fisseha Desta et l’ancien Premier ministre Fikre Sélassié Wogderes. Tous ont été jugés responsables de l’exécution ou de la disparition de quelque 100 000 Éthiopiens durant la Terreur rouge, qui a suivi le coup d’État de Mengistu en 1977 et l’instauration d’un régime militaro-marxiste jusqu’en 1991.
Le point final est donc posé pour un procès qui a duré plus de dix ans. Coulant des jours tranquilles au Zimbabwe, Mengistu ne sera vraisemblablement jamais exécuté. Ce d’autant que, si la peine de mort existe en Éthiopie, elle n’y est guère appliquée. Les Éthiopiens le savent, et certains murmurent que la condamnation survient « au bon moment » pour redorer l’image du Premier ministre, Mélès Zenawi, confronté à la hausse des prix et militairement englué en Somalie. Mais il n’est pas certain que la manuvre paie. « Les gens ont d’autres chats à fouetter, confie un habitant. Il faut se débrouiller pour trouver le teff [céréales servant à fabriquer la galette traditionnelle éthiopienne, l’injera, NDLR], et la hausse des prix est affolante. » Les associations qui se battent depuis des années pour que les responsables soient punis ont beau se réjouir, pour beaucoup, au regard d’une situation économique qui force les Éthiopiens à « faire attention à tout », ce retour sur le passé est un « non-événement ».

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