Un archevêque venu d’Orient
Un prêtre arabe originaire de Jordanie prendra bientôt la relève de Mgr Henri Teissier à la tête du diocèse d’Alger.
Le pape Benoît XVI a nommé, le 24 mai, Mgr Ghaleb Moussa Abdallah Bader, 57 ans, à la tête du diocèse d’Alger. Originaire du nord de la Jordanie, philosophe de formation et docteur en droit canon, le père Bader a toujours exercé à Jérusalem et à Amman. Et n’imaginait pas devoir un jour servir son Église ailleurs, assurément pas en Algérie. Joint par Jeune Afrique, le futur archevêque d’Alger avoue sa surprise : « Je n’ai jamais pensé servir hors de mon Église [de Jérusalem et Jordanie]. J’étais tout à mon travail ici, et un autre monde s’est ouvert à moi. On m’a consulté il y a deux semaines et j’ai demandé un temps de réflexion. » Ce sera oui.
À part un très bref séjour à Alger, en 1998, à l’occasion de la conférence épiscopale du Maghreb, Ghaleb Moussa Abdallah Bader ne s’est jamais rendu dans le pays et reconnaît qu’il a beaucoup à apprendre : « Je connais l’histoire de l’Algérie, mais il me faut entrer dans les détails. » Dans un français qui fleure bon l’arabe avec ses « r » roulés, il ajoute : « Je viendrai avec toute ma bonne volonté. » Son credo : « Être au service de la société algérienne. »
Le fait d’être arabe va-t-il lui faciliter les choses ? « Ce n’est pas le plus important, mais c’est un atout. Je suis arabe par la naissance, la langue et la culture, et nommer un Arabe est le signe que l’Église locale est arrivée à maturité. Mais, rappelle-t-il aussitôt, mes prédécesseurs en Algérie parlaient tous l’arabe, et Mgr Teissier est algérien [il a été naturalisé en 1966, NDLR]. »
Pas facile, en effet, de succéder à Henri Teissier, 79 ans, en fonctions en Algérie depuis trente-cinq ans et archevêque d’Alger depuis 1988. Voilà déjà quatre ans que l’homme d’Église, qui a affronté la vague terroriste des années 1990 en se tenant aux côtés du peuple algérien, sans jamais quitter le pays, différait sa mise à la retraite. Le Vatican a pris le temps de la réflexion avant d’arrêter son choix. Car la fonction d’archevêque d’Alger est cruciale pour le dialogue islamo-chrétien. Le père Bader est lui aussi un homme de médiation : de 1996 à 2001, il a été consulteur du Conseil pour le dialogue interreligieux en tant qu’expert des relations avec l’islam. Une expérience sans doute utile dans un contexte quelque peu tendu en matière de liberté religieuse. Signe positif : l’ambassadeur d’Algérie à Amman, Ali Aroudj, lui a téléphoné, mercredi 28 mai, pour lui transmettre ses félicitations. Alger et Jérusalem se sont mis d’accord pour que la cérémonie de consécration se tienne à Amman, d’ici un à deux mois, sur la terre natale et en présence des fidèles du père Ghaleb Moussa Abdallah Bader, qui prendra officiellement ses fonctions à Alger d’ici à septembre 2008, au plus tard.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte si cher ?
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- Algérie : Lotfi Double Kanon provoque à nouveau les autorités avec son clip « Ammi...
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Pourquoi l’UE s’apprête à accorder un nouveau soutien à l’intervention rwandaise a...