Sexe et pouvoir

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

On le savait, le pouvoir est un puissant aphrodisiaque. L’actualité le confirme : le ministre canadien des Affaires étrangères vient d’être débarqué (voir p. 62). Une calamiteuse affaire de moeurs, qui l’a vu oublier des dossiers confidentiels chez sa maîtresse, la bien nommée Julie Couillard. Il est loin d’être le premier puissant pris la main dans le sac. Égrener ici la liste exhaustive des dirigeants (politiques ou économiques) victimes de leur taux de testostérone est impossible. Souvenons-nous simplement de quelques cas symboliques : Bill Clinton (qui aurait pu avoir le bon goût de fauter avec une jolie fille plutôt qu’avec Monica Lewinsky), le président du Conseil italien Silvio Berlusconi (sa femme, Veronica, a exigé de lui des excuses publiques suite à ses frasques extraconjugales), l’ex-maire de New York Rudolph Giuliani, l’ancien chef de l’État israélien Moshe Katsav (accusé de viol et de harcèlement sexuel à l’encontre de ses collaboratrices), l’ex-gouverneur de New York Eliot Spitzer (impliqué dans un réseau de call-girls), le richissime président de la Fédération internationale de l’automobile Max Mosley (filmé avec des prostituées dans une mise en scène sadomasochiste aux relents nazis), etc. Sans parler des rumeurs, telle celle voyant le tout nouveau Premier ministre russe Vladimir Poutine « fricoter » avec une gymnaste. Les Français, eux, se délectent des supposés vagabondages de leurs trois derniers présidents (l’actuel inclus).
Et l’Afrique dans tout ça ? La face cachée de nos chefs demeure secrète. Sauf dans l’unique vraie démocratie qu’est l’Afrique du Sud, où le probable successeur de Thabo Mbeki, l’inénarrable mais très populaire Jacob Zuma, a dû affronter un procès. Accusé de viol par une femme de 31 ans, Zuma a été acquitté. Gros problème, surtout pour un dirigeant : elle était séropositive et il le savait. Et si leur rapport n’était pas protégé, il a indiqué avoir pris une douche pour minimiser les risques. Une autre version du safe sexÂ
Un tel déballage est encore impensable ailleurs sur le continent. Non pas que l’opinion y soit plus pudibonde, mais le droit de prédation sexuelle du chef y est encore respecté. Mieux (ou pis, c’est selon) : un vrai patron se doit de « cogner » tous azimuts. Conférences, cérémonies, réceptions : de leurs regards de rapace, les chefs repèrent leurs proies. Qui, souvent, voient un collaborateur du grand mâle dominant leur murmurer à l’oreille « le président t’attend »Â
Premières dames ou épouses légitimes, les femmes africaines sont les grandes absentes de ce festin aphro­disiaque qu’est le pouvoir. La plupart avalent leur chapeau, en silence. Simple reflet de la société ?

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