Ventes d’armes : au Niger, « Petit Boubé », l’homme au cœur du scandale

« Ventes d’armes : les derniers barons du marché africain » (1/3) Résidences de luxe, puissant réseau du Golfe de Guinée à l’Europe de l’Est, sociétés florissantes… Mais qui est donc Aboubacar Hima, le jeune entrepreneur au centre de l’affaire de l’audit du ministère nigérien de la Défense ?

Aboubacar Hima, dit « Petit Boubé » © MONTAGE JA : Jean-Marc Pau pour JA

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Publié le 30 mars 2022 Lecture : 16 minutes.

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Marchands d’armes : enquête sur les trois figures-clés d’un business opaque

Quand et comment se sont-ils implantés en Afrique ? Quels sont leurs réseaux ? Qui fournissent-ils ? JA a mené l’enquête sur trois des plus emblématiques « courtiers en armement » actifs sur le continent.

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Comme d’habitude, le jeune homme a garé sa moto à l’extérieur des locaux de l’association Alternatives Espaces Citoyens, à deux pas du champ de course sablonneux de l’hippodrome de Niamey. Ici, dans l’effervescence qui entoure le directeur Moussa Tchangari, figure de la société civile, tout le monde connaît le deux-roues de marque japonaise et son propriétaire, Aboubacar Hima, qui est un habitué des lieux. Encore étudiant dans une école professionnelle où il apprend les rudiments du commerce, il a déjà débuté sa vie d’entrepreneur. Chacun le dit « discret », « réservé », « sans histoires ». « Personne n’avait rien à lui reprocher », insiste un ancien camarade de classe. Surtout, personne ne le surnomme alors « Petit Boubé », et encore moins « Style féroce », ces alias qu’il adoptera plus tard.

Au détour d’un bureau ou d’un marché, on le croise, mais sans véritablement le remarquer. Comme beaucoup de jeunes Nigériens qui grandissent sous la présidence d’Ibrahim Baré Maïnassara, à la fin des années 1990, le jeune Aboubacar « bricole ». Ses aînés le laissent volontiers faire. Ce « petit », qui vient d’obtenir son baccalauréat scientifique au lycée Bosso après avoir fréquenté celui d’Issa Korombé, ne compte pas les kilomètres parcourus sur son bolide. Il a trouvé un logement au quartier de Karadjé, dans le sud-ouest de la capitale nigérienne, fréquente encore celui du faubourg d’Abidjan, où habite sa famille, et se rend régulièrement au grand marché, au cœur duquel il a commencé à vendre des petits calendriers et autres imprimés.

À Alternatives Espaces Citoyens, Aboubacar Hima a pris l’habitude de rejoindre l’un de ses amis, Wilfried. Journaliste de son état, ce Béninois d’origine (aujourd’hui décédé), qui a convolé en justes noces avec une Nigérienne, est le responsable de la publication assistée par ordinateur (PAO) au sein de l’association. En d’autres termes, c’est un professionnel de la mise en page numérique. Il aide donc ce débrouillard d’Aboubacar à produire ses calendriers et cartes de visite. « Hima ne savait pas faire ce genre de choses, alors il venait dans les locaux de l’association pour qu’on lui donne un coup de main », se souvient Moussa Tchangari, qui continue aujourd’hui de recevoir dans ses bureaux d’Alternatives Espaces Citoyens. Peu à peu, le jeune homme fait son trou.

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