Olmert, roi du « bling-bling »
« Je ne me suis jamais mis un seul centime dans la poche », jure Ehoud Olmert, pourtant soupçonné d’avoir touché plusieurs centaines de milliers de dollars de pots-de-vin. Ce qui est sûr, c’est que le Premier ministre israélien aime les belles choses : montres et stylos de luxe, cigares cubains, bonne chère et voyages en première classe. S’il séjourne dans un palace new-yorkais, il règle sans sourciller une note de 15 000 dollars. S’il se rend en Italie pour les vacances, la facture est encore plus salée : 30 000 dollars. Bref, c’est un adepte du « bling-bling », comme l’on dit sous d’autres latitudes.
Pourquoi pas ? L’ennui, c’est que cette vie fastueuse est largement financée par de très généreux amis comme Morris Talansky, un richissime homme d’affaires juif américain. D’où cette question, inévitable : en échange de quoi ? Depuis 1992, Olmert aurait ainsi reçu illégalement 150 000 dollars en liquide, dans des enveloppes. Impliqué dans quatre autres affaires de corruption, il a toujours soutenu que les 500 000 dollars qu’il aurait au total perçus avaient servi à financer ses campagnes électorales. Cette fois, il devra trouver autre choseÂ
« Je savais qu’une partie de cet argent servait à ça », a reconnu Talansky, entre deux sanglots, au cours des sept heures qu’a duré son audition devant un tribunal de Jérusalem, le 27 mai. « Ça », c’est-à-dire les loisirs bling-bling de son ami Olmert. « J’avais une grande admiration pour lui, raconte-t-il. Nous l’appelions le Âprince du LikoudÂ. Je voyais qu’il souhaitait devenir maire de Jérusalem, qu’il croyait en une capitale forte et indivisible. » Autrement dit, débarrassée de toute présence arabe. Les conceptions de son obligé n’ayant, que l’on sache, pas changé, il est permis de se demander pourquoi Talansky s’est soudainement résolu à le charger.
Quoi qu’il en soit, les candidats à la succession affûtent déjà leurs couteaux, sachant bien que l’éventuelle chute du chef n’est pas pour tout de suite et que les seules charges qui pourront, dans l’immédiat, être retenues contre lui sont celles d’abus de confiance et de fraude. Mais ils prennent date. Ministre de la Défense et chef du Parti travailliste, Ehoud Barak a appelé Olmert à se retirer. Celui-ci lui a répondu qu’il ne démissionnerait que s’il était mis en examen. Quant à Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères et numéro deux de Kadima, le parti au pouvoir, elle envisage « tous les scénarios ». Tout cela est « dégoûtant » tranche le quotidien Yediot Aharonot. Seuls 13 % des Israéliens souhaitent qu’Ehoud Olmert reste à son poste.
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