Moussa Konaté, étonnant voyageur des mots

Considéré comme l’un des meilleurs représentants de la littérature de son pays, l’écrivain partage son temps entre la France et Bamako.

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Il y a une quinzaine d’années paraissait dans la rubrique littéraire de Jeune Afrique l’interview d’un écrivain, sous le titre tonitruant « Tolstoï plutôt que Camara Laye ». Tonitruant et trompeur car l’auteur en question, le Malien Moussa Konaté, affirmait au contraire dans l’entretien sa grande dette envers la littérature africaine, notamment envers ses contemporains tels que Ahmadou Kourouma ou Yambo Ouologuem. Le titre péchait surtout par l’image qu’il donnait d’un auteur revendicateur et grande gueule, alors que ce Malien-là est tout l’opposé : un homme doux, qui poursuit dans la discrétion une Âuvre majeure, aujourd’hui riche d’une vingtaine de titres.
Un homme à multiples facettes, surtout. À la fois romancier, auteur de polars, dramaturge, conteur, éditeur et opérateur culturel, Moussa Konaté s’est fait connaître par la parution, en 1981, de son tout premier roman, Le Prix de l’âme. Racontant les lendemains qui déchantent d’une Afrique enfin indépendante, cette Âuvre est le fruit d’une imagination juvénile car son auteur l’a écrite quand il était encore au lycée. « J’ai même failli échouer à mes examens, explique-t-il, car ce roman me prenait beaucoup de temps. » Sans doute parce que, à travers les pérégrinations romanesques d’un couple de frère et sÂur, le jeune homme y traitait des questions d’une grande gravité : conflit des générations, éducation des jeunes, condition féminine, exode rural, perte des valeurs morales Le Prix de l’âme a aussi ouvert la voie à une écriture profondément engagée, dont Moussa Konaté a rarement dévié au cours de sa longue carrière littéraire. Ses pièces de théâtre, qui explorent les heurs et malheurs de l’Afrique à travers son histoire et son évolution contemporaine, en sont les meilleurs exemples. Quant à ses polars, qui mettent en scène des enquêteurs à la sagesse et au flair légendaires (le célèbre commissaire Habib et son adjoint l’inspecteur Sosso), ils entraînent les lecteurs au cÂur même de l’arène civilisationnelle, où traditionnels et modernistes se livrent des combats à mort pour l’âme du continent.
Mais le principal engagement de Moussa Konaté, c’est « l’amour de la littérature ». Qui l’a conduit à quitter l’enseignement au début des années 1990 – après avoir été professeur de français au lycée pendant dix ans – pour mieux se consacrer à l’écriture. Cette décision a fait de lui l’un des rares écrivains africains à tenter de vivre de sa plume. C’est encore par amour de l’écrit que Konaté a créé en 1997 les éditions Le Figuier, après avoir été conseiller littéraire chez l’éditeur malien Jamana. Enfin, Moussa Konaté, c’est aussi le festival du livre « Étonnants Voyageurs », qui, à son initiative, vient jeter ses amarres tous les deux ans depuis 2002 sur les bords du « Djoliba » (« le fleuve de sang », appellation du fleuve Niger), faisant de Bamako, le temps de la manifestation, la capitale et la vitrine de la nouvelle littérature africaine.

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