Djibouti : malgré l’absence d’opposition, les électeurs restent mobilisés
Coup d’envoi, ce vendredi matin, des élections communales et régionales. Il y a deux jours, l’unique parti en lice dans la capitale, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), a tenu son dernier meeting à Balbala.
Il est 16h30 lorsque les énormes enceintes placées en hauteur se mettent à retentir. Rassemblés sur un vaste terrain vague, des centaines d’habitants de la commune populaire de Balbala sont venus assister au meeting organisé par l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) à l’occasion du premier tour des élections communales et régionales prévues ce vendredi 11 mars et dont le résultat ne laisse guère place au doute. Conformément à la loi électorale, la campagne, qui a duré treize jours, s’est achevée le mercredi qui précède le scrutin, à minuit.
En attendant que plusieurs des candidats prennent la parole pour défendre à tour de rôle leur bilan ou annoncer ce qu’ils comptent faire durant leur prochain mandat, la petite estrade accueille des danseurs qui, sous un soleil relativement doux de fin d’après-midi, proposent des chorégraphies traditionnelles.
Absence d’opposition
L’absence de liste concurrente et l’issue déjà connue du scrutin auraient pu conduire à un désintérêt massif de la population, voire des élus, qui n’ont aucune opposition à affronter. Et pourtant, à en juger par l’ambiance de fête qui règne à Balbala et par le discours des candidats et des militants, la ferveur populaire est bel et bien à l’ordre du jour.
À elle seule, la capitale du pays concentre plus de la moitié des électeurs
Dans ce petit État de la Corne de l’Afrique, les 215 687 citoyens inscrits sur les listes électorales sont appelés à voter dans 529 bureaux de vote disséminés à travers le territoire afin de désigner leurs prochains représentants locaux. Parmi les six régions, dont chacune dispose de son assemblée, seule celle d’Ali Sabieh, située à deux heures de voiture au sud de Djibouti, voit concourir plusieurs listes.
À elle seule, la capitale concentre plus de la moitié des électeurs, avec 134 896 inscrits. Un chiffre logique au regard du nombre d’habitants de la ville, estimés à plus de 600 000 pour une population totale de 990 000. C’est la raison pour laquelle celle-ci dispose d’un statut particulier et se découpe en trois communes qui, une fois les élections terminées, devront élire un maire.
Avec un élu pour mille électeurs inscrits, la commune de Balbala est la deuxième plus importante de la capitale en nombre d’élus locaux (62), derrière celle de Boulaos (69). La troisième, Ras Dika, comptabilise une poignée d’élus seulement (9).
Alors que le renouveau est une carte universelle jouée par beaucoup d’acteurs politiques pour mobiliser les électeurs, la liste locale de la majorité présidentielle a fait le pari inverse
« On aurait préféré qu’il y ait un ou plusieurs adversaires, mais aucun parti n’a suffisamment confiance en lui pour espérer pouvoir battre l’UMP », observe Mohamed, un agent de sécurité venu assister au meeting avec sa fille de 9 ans.
Fruit d’une coalition de quatre partis, dont celui du président Ismaïl Omar Guelleh, l’UMP a remporté toutes les élections depuis sa création, il y a une vingtaine d’années. Minée par le pouvoir en place et par des querelles internes, aucune opposition n’a réussi à émerger et à se maintenir dans la durée.
Renouveau dans la continuité
Alors que le renouveau est une carte universelle jouée par beaucoup d’acteurs politiques pour mobiliser les électeurs, la liste locale de la majorité présidentielle a fait le pari inverse, illustré par son slogan : « UMP, quand continuité rime avec proximité. Ensemble, faisons briller Balbala ».
« Notre liste est composée à environ 70 % de nouveaux candidats », affirme Mohamed Hassan Saïd, tête de liste dans la commune, qui se présente pour la première fois à un scrutin. Cet ancien professeur, qui sera très prochainement amené à prendre les rênes de Balbala, rappelle également l’importance que revêtent ces élections avec les lois de décentralisation mises en œuvre par l’exécutif au début des années 2000. Ces dernières octroient davantage de prérogatives aux régions et aux communes.
« Notre liste est celle de la jeunesse et de la parité », ajoute Leïla Mohamed Dato, elle aussi candidate pour la première fois dans la même commune. Elle se félicite de proposer 21 femmes pour 62 postes à pourvoir. Comme de nombreux candidats, elle assure regretter le manque d’opposition : « C’est la démocratie et cela aurait été parfaitement normal d’avoir une liste concurrente. Mais aucune n’a choisi de se présenter. »
La future élue locale préfère se concentrer sur les chantiers qui l’attendent. « Nous sommes les avocats du peuple auprès des hautes sphères de l’État. Nous avons fait du porte-à-porte et nous avons recueilli les revendications des habitants, que nous allons à présent faire remonter au niveau national », explique-t-elle.
De son côté, et bien qu’il s’estime plutôt satisfait de son bilan, Mohamed attend encore beaucoup de la part de la majorité : « De manière générale, on aimerait que les projets annoncés se concrétisent. Par ailleurs, le prix du logement ici est élevé. J’espère que les prochains élus adopteront des politiques qui en tiendront compte. »
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