Les illusions perdues d’Henri Guaino

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

À un peu plus d’un mois du sommet des chefs d’État (Paris, 13 juillet) censé déboucher sur la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM), Henri Guaino défend bec et ongles le projet – dont on lui prête la paternité. « Il y a toutes les raisons [conflit israélo-palestinien, Sahara occidental, Liban, différends turco-grecs, NDLR] pour ne pas réussir, c’est la raison pour laquelle nous devons tout faire pour y parvenir », a expliqué, le 28 mai, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy devant un aréopage d’ambassadeurs européens et africains. La rencontre était organisée par Fathallah Sijilmassi, l’ambassadeur du Maroc en France, lors de la présentation du livre d’Aziz Cherkaoui Union pour la Méditerranée : initiatives, instances et instruments.
Le soutien du Maroc et de l’Égypte lui étant acquis, Guaino a appelé les plus récalcitrants (Syrie, Libye, Algérie) à se rendre à Paris : « Il n’y a aucune raison de boycotter puisque l’Autorité palestinienne et Israël devraient participer au sommet. Nous allons créer une union à géométrie variable où chacun participera à sa guise aux projets qu’il entend promouvoir. »
Le projet d’UPM avait été lancé par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, à Toulon, en février 2007. Au départ, il devait comporter une dimension politique avec la mise en place d’un Conseil de la Méditerranée (sur le modèle du Conseil de l’Europe) et d’un système de sécurité commun. Par ailleurs, l’UPM aurait eu compétence pour traiter des questions migratoires, économiques et environnementales, ainsi que des projets de codéveloppement. Le résultat final risque d’être très en retrait, la chancelière Angela Merkel et la Commission de Bruxelles, hostiles à l’émergence d’une organisation concurrente, ayant tout fait pour assurer la prééminence des institutions européennes sur la politique euro-méditerranéenne.
De toutes les propositions fran­çaises, les Européens n’ont retenu que quatre grands domaines d’intervention : la dépollution de la Méditerranée, la protection civile, les transports et l’énergie solaire. Le manque d’ambition des technocrates bruxellois exaspère visiblement la « plume » du président Sarkozy. « On ne doit pas reproduire le processus de Barcelone, instrument du dialogue postcolonial qui répond aux seuls intérêts du Nord », s’insurge-t-il.
Souvent très critique à l’égard des politiques communautaires, ce nostalgique des empires grec et romain (« je ne suis européen que parce que je suis l’héritier de l’histoire de la Méditerranée ») n’en appelle pas moins de ses voeux une politique qui n’est pas sans évoquer les prémices de la construction européenne, au temps de Jean Monnet. « L’UPM, dit-il, doit se construire progressivement, à l’image de l’Europe, qui a conçu la Communauté du charbon et de l’acier (Ceca) avant de s’apercevoir qu’il y avait d’autres domaines de coopération possibles. »

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