Les Africains s’invitent à l’Euro

Plusieurs équipes qualifiées pour la prestigieuse compétition, qui s’ouvre ce 7 juin en Suisse et en Autriche, alignent des joueurs d’origine maghrébine ou subsaharienne. Et pas forcément celles qu’on attendait le plus.

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

« Le monde est un village », dit-on. Et le monde du sport – singulièrement le football – comme les autres. Peut-être plus que les autres. L’explosion des frontières européennes et la multiplication des décisions de justice – arrêts Bosman (1995) et Malaja (2002) – y ont largement contribué. Ce qui est depuis longtemps visible dans les clubs l’est aussi désormais dans les sélections nationales, qui comptent de plus en plus de joueurs d’origine étrangère. Mieux, le phénomène ne se limite plus aux anciennes puissances coloniales.
Jusqu’à un passé relativement récent, les chances de voir un Africain porter les couleurs d’un autre pays que la France, le Portugal, la Belgique ou, à la rigueur, l’Angleterre étaient quasi nulles. Depuis quelques années, tout a changé. Par le jeu de la naturalisation ou, plus simplement, de la double nationalité, plusieurs, dont certains nés en Afrique, ont joué ou jouent pour des pays sans aucune histoire coloniale.
Les Nigérians sont tout particulièrement demandés. Lors de la Coupe du monde 2002, la Pologne avait aligné Emmanuel Olisadebe. Depuis, d’autres sélections comme Malte (Udo et Chucks Nwoko), Israël (Tamuz Temile) ou même l’Azerbaïjan (Usim Nduka) ont suivi le mouvement. Le Luxembourg fait pour sa part régulièrement appel à des joueurs d’origine cap-verdienne.
Certains professionnels possédant une double ascendance africaine et européenne ont vite compris où était leur intérêt : Ryan Giggs, dont le père avait des origines sierra-léonaises, et Robert Earnshaw, né en Zambie, ont choisi le pays de Galles ; Thomas Sowunmi, né au Nigeria d’un père nigérian et d’une mère hongroise, la Hongrie ; et John Carew, dont le père était international gambien, la Norvège. Vincent Kompany et Gaby Mudingayi, d’origine congolaise, Marouane Fellaini, d’origine marocaine, et Moussa Dembélé, de mère belge et de père malien, ont quant à eux choisi de jouer pour la Belgique.

Eusebio, le pionnier
Aucune de ces sélections ne s’est qualifiée pour la phase finale de l’Euro 2008, du 7 au 29 juin. Mais d’autres joueurs représenteront plus ou moins largement l’Afrique en Autriche et en Suisse. Depuis le grand Eusebio (né au Mozambique) dans les années 1960, le Portugal s’est toujours appuyé sur des joueurs originaires de ses anciennes colonies. C’est aujourd’hui le cas de Miguel (Valence) et de Nani (Manchester United), l’un et l’autre natifs du Cap-Vert. Mais ils n’hésitent plus à prospecter hors de leur pré carré. Aujourd’hui naturalisé, José Bosingwa (Chelsea) est ainsi né à Kinshasa.
Ex-puissance coloniale (Togo, Cameroun, Namibie), l’Allemagne compte dans son effectif un joueur d’origine africaine : David Odonkor (Betis Séville), qui a vu le jour en Allemagne mais dont le père est ghanéen. L’importante communauté marocaine des Pays-Bas sera représentée par Ibrahim Afellay (PSV Eindhoven) et Khalid Boulahrouz (FC Séville). La Suède emmènera en Autriche Henrik Larsson (Helsingborg) et Rami Schaaban (Hammarby), dont les pères sont, respectivement, cap-verdien et égyptien.
Derrière la France et le Portugal, c’est curieusement la Suisse qui compte l’un des plus importants contingents de joueurs d’origine africaine : Johan Djourou, le défenseur d’Arsenal, est né à Abidjan ; et Gelson Fernandes (Manchester City), la dernière petite trouvaille du sélectionneur Jakob Kuhn, au Cap-Vert. Un troisième, Blaise N’Kufo, né à Kinshasa, aurait à coup sûr participé à l’Euro s’il ne s’était blessé, courant mai, avec son club néerlandais de Twente.

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