Didier Drogba se raconte

Le « futur ex-attaquant » du club londonien de Chelsea publie son autobiographie. Et sort du cadre purement sportif pour évoquer la situation dans son pays, la Côte d’Ivoire.

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

Il ne l’écrit pas, mais c’est tout comme : il ne redeviendra vraiment heureux que le jour où il quittera les brumes londoniennes et Chelsea, le club du milliardaire russe Roman Abramovich. Son expulsion en finale de la Ligue des champions contre Manchester United, le 20 mai, pourrait accélérer son départ. Des problèmes de riches, s’offusqueront certains, en rétorquant que l’Ivoirien Didier Drogba, qui touche 575 000 euros par mois (hors primes) et dont le revenu annuel culmine, selon le bihebdomadaire France Football, à 10,8 millions d’euros, n’est pas en position de se plaindre.
N’empêche, l’attaquant des Éléphants est un homme qui fonctionne à l’affectif, malgré son transfert de Marseille à Chelsea en août 2004. Pour 37 millions d’euros, une somme au regard de laquelle les états d’âme d’un footballeur, aussi talentueux soit-il, ne pèsent pas grand-chose. Pour Drogba, l’aspect pécuniaire était secondaire. Il se plaisait à Marseille, où il n’avait pourtant joué qu’une saison. Mais la logique financière a tout emporté. « Donnez-moi en brut la moitié de ce que me donne Chelsea en net et je reste, ça me suffit », avait suggéré l’attaquant aux dirigeants marseillais avant l’inéluctable transfert.
Et puis, il y a la Côte d’Ivoire. Son pays, même s’il admet s’être construit grâce au mélange des deux cultures, africaine et française. Même si son départ prématuré d’Abidjan ne l’a jamais éloigné de ses racines. Sélectionné pour la Coupe du monde 2002 alors que la France aurait pu également le convoquer, Drogba s’est vite imposé comme un des piliers de l’équipe ivoirienne. Sur le terrain et en dehors. Influent, populaire et forcément jalousé. Souvent, il revient sur l’autre grand déchirement de vie : la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire. « J’ai endossé un rôle d’ambassadeur de la paix, car je tenais à aider mon pays à sortir de cette ornière. » Les protagonistes du conflit, le régime de Laurent Gbagbo et les rebelles de Guillaume Soro, ont bien tenté de « récupérer » Drogba et les autres internationaux. Tous ont préféré jouer la carte de l’unité et de la réconciliation nationale. Et l’attaquant de Chelsea, en se mettant en quatre pour que le Côte d’Ivoire-Madagascar (5-0) éliminatoire de la CAN 2006 soit organisé à « Bouaké-la-rebelle » en juin 2007, a contribué à sa façon à apaiser la situation. Critique, il s’interroge sur l’attitude de la France dans la crise ivoirienne, et notamment celle des médias. « J’ai mal vécu la manière dont les informations ont été relayées par les médias français. En gros, il y avait le Sud contre le Nord, les chrétiens contre les musulmans [Drogba est bété et chrétien, NDLR]. » Et met le doigt là où ça fait mal. « Cette politique [celle de Jacques Chirac, NDLR] était paternaliste, néocolonialiste vis-à-vis d’un pays indépendant depuis 1960. »
Il rêve désormais de gagner la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud. Le continent, il transpire par tous les pores de sa peau. Même s’il allume la Confédération africaine de football (CAF) et Issa Hayatou, son président, qui l’a privé du titre de meilleur joueur africain de l’année. Drogba n’ayant pas souhaité se déplacer à Lomé en pleine CAN ghanéenne, le trophée est finalement revenu au Malien Frédéric Kanouté.

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