Des femmes engagées

Une enseignante ministre, une chef d’entreprise députée et une responsable d’ONG : ces Maliennes sont plus investies que jamais dans la vie publique de leur pays.

Publié le 2 juin 2008 Lecture : 3 minutes.

Aminata Sidibé
« Madame le ministre »

Première femme candidate à l’éection présidentielle, en mai 2007, Aminata Sidibé, la cinquantaine épanouie, a conscience d’être « un symbole d’espoir pour les femmes dans une société très patriarcale ». Malgré un score en effet symbolique (0,55 % des voix), la présidente du Rassemblement pour l’éducation à l’environnement et au développement durable (Redd) a été nommée, en octobre dernier, ministre de l’Education de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, un portefeuille stratégique qui concerne près de 20 % du budget de l’Etat. Enseignante, urbaniste de formation (titulaire d’un doctorat en aménagement et urbanisme obtenu à la Sorbonne) et ancienne chargée de programme à l’Unesco (division eau et assainissement), madame le ministre – elle préfère le masculin – a une vision claire des problèmes du pays. « La situation en matière d’éducation est très difficile, mais les clichés misérabilistes ne sont d’aucun secours », lâche-t-elle. Côté loisir, elle aime se plonger dans la littérature des Lumières – les contes de Voltaire en particulier -, et avoue son faible pour les romans à l’eau de rose. Contradiction ? Pas vraiment. Passionnée par les débats d’idées, les échanges avec la jeunesse et les rencontres avec les populations locales, Aminata Sidibé est tout simplement en phase avec son temps.

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Aïchata Haïdara
Une chef d’entreprise dans l’hémicycle

« Ma réussite, je la dois à 80 % à mon mari, Baba Haïdara », affirme cette jeune députée de Bourem, dans le nord du Mali. « Il m’a toujours soutenue. Nous nous sommes tous les deux présentés aux législatives en 2007. Il était tout à fait probable que je sois élue et lui non Heureusement, nous avons gagné, lui à Tombouctou, moi à Bourem. Et désormais, nous sommes très fiers d’être le premier couple malien à l’Assemblée nationale ! » déclare sans détours cette femme d’affaires de 49 ans, qui dirige aujourd’hui la prospère agence de voyages Wani Tours. Aïchata Haïdara, dite « Chatou », est connue pour son franc-parler. Quand elle était secrétaire générale adjointe de l’intersyndicale d’Air Afrique, elle n’a pas hésité à dire aux chefs d’État que liquider la compagnie aérienne, « joyau de l’intégration africaine » comme elle dit, n’était pas très pertinent. « Quand ils ont compris que la situation n’était pas si désespérée, il était trop tard », se lamente-t-elle. Grâce à son infatigable énergie et à sept ans passés à la tête du service tourisme d’Air Afrique, elle monte sa propre agence internationale de tourisme. Puis, quand les affaires commencent à marcher, elle se lance dans la politique. « Parce que si tu ne fais pas de la politique, c’est la politique qui te fait », explique-t-elle sur un ton qui témoigne que la blessure Air Afrique n’est pas totalement refermée. Aujourd’hui, son combat continue : elle a été élue secrétaire parlementaire affectée à la coopération entre l’Union européenne et les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP).
La Commission européenne n’a qu’à bien se tenir.

Mastan Keita
La voix des albinos

Mastan Keita ne se départ jamais de la quiétude qui la caractérise. Même lorsqu’elle parle de sa difficile mission. Vice-présidente de la Fondation Salif-Keita pour les albinos et mariée depuis quatre ans au célèbre musicien malien, c’est d’une voix douce qu’elle résume la teneur de son combat : « Vous savez, les albinos ont surtout besoin d’amour, ils sont souvent rejetés, dénigrés. On les cache parce qu’on en a honte. Et très peu osent se montrer. » Avec son époux, grâce à qui l’Organisation mondiale de la santé a reconnu l’albinisme comme un double handicap (dermatologique et ophtalmologique), elle a eu une petite fille, albinos comme son père. La Fondation, créée en 2006 avec des financements de Salif Keita, n’en est qu’à ses premiers pas, mais Mastan y passe tout son temps : collectes de fonds, recherche de partenaires, actions de sensibilisation, distribution de crème solaire, de casquettes et de lunettes de soleilÂ
Parallèlement aux actions de proximité, d’autres projets, plus ambitieux, se bousculent : « Nous voulons ouvrir un Centre d’éducation et de formation des enfants albinos au Mali et réunir les albinos au sein d’une Fédération mondiale. Et nous envisageons d’organiser un forum mondial des albinos, à Bamako, en décembre 2008. Nous attendons, bien sûr, le soutien de plusieurs ministères, de la Fondation Lobbo-Touré [du nom de la première dame] pour l’enfance ainsi que de la Fondation Orange-Mali » L’objectif est simple : « Faire en sorte que les albinos soient, un jour, considérés comme des êtres humains ordinaires ! »

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