Russie-Ukraine : et si l’Europe se tournait vers le gaz africain ?
L’invasion de l’Ukraine menée par Vladimir Poutine a mis en lumière la trop grande dépendance énergétique des pays de l’UE vis-à-vis de Moscou. Les ressources du continent pourraient leur permettre de s’en affranchir.
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Patrick H. Drummond
Ingénieur, directeur général de ICTx Consulting, spécialisé dans le développement de projets gaziers au Brésil et en Afrique.
Publié le 14 mars 2022 Lecture : 2 minutes.
Bien que des alertes aient été lancées plusieurs semaines à l’avance, l’invasion de la Ukraine par les forces armées russes a pris le monde entier de court – et l’Europe en particulier. Si cette crise met en évidence les délicats enjeux géopolitiques et militaires autour de l’éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne (UE) et/ou dans l’Otan, elle souligne surtout la grande dépendance de l’Europe envers la Russie pour ses approvisionnements en gaz naturel.
En effet, l’Europe consomme actuellement 541 milliards de m³ de gaz naturel, dont 447 Gm³ sont importés via gazoducs. La Russie lui en fournit à elle seule 168 Gm³ (soit 38 %) grâce au « Fraternité », via l’Ukraine, la Slovaquie et la République Tchèque, au « Yamal », via la Pologne et au Nordstream 1, via la mer Baltique. Près de la moitié du gaz russe alimente essentiellement l’Allemagne (56 Gm³), l’Italie (20 Gm³), la Turquie (15,6 Gm³) et la Hollande (11 Gm³). Le reste est réparti entre plusieurs autres pays européens. À ces volumes russes importés par gazoducs s’ajoutent, depuis 2017-2018, 17,2 Gm³ sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié).
Champ d’opportunités
En résumé, un tiers du gaz naturel consommé en Europe provient de la Russie. Et cette proportion atteint 2/3 en Allemagne, ce qui rend sa situation encore plus délicate. À moyen terme, le Vieux continent devra donc diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz naturel. Si la tendance était jusqu’ici de construire des gazoducs en mer (Nordstream 1 et 2) afin d’éviter de traverser de multiples frontières à risque, la construction de terminaux méthaniers pour recevoir le GNL importé apparaît comme une solution plus fiable, qui devrait s’accentuer dans les années à venir.
Dans son rapport « World LNG Outlook 2020 », Cedigaz fait remarquer que la capacité de production de GNL dans le monde ne sera pas suffisante pour répondre à la demande pour la période 2025-2040. Cela ouvre un champ d’opportunités que peuvent exploiter les pays africains producteurs de gaz.
L’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Namibie et le Mozambique ont récemment découvert du pétrole et du gaz naturel
Actuellement, 12 % du gaz importé par l’UE par gazoduc provient d’Afrique. L’Algérie exporte 21 Gm³ par gazoducs vers l’Italie (55 %) et la péninsule ibérique (45 %) tandis que la Libye envoie 4,2 Gm³ en Italie. Et pas moins de 50 % du GNL que l’Europe importe est issu du continent, ce qui équivaut à 56 Gm³, provenant du Nigeria (50 %), d’Algérie (27 %), d’Angola (11 %), d’Égypte (4 %) et d’autres pays africains (8 %).
Par ailleurs, les découvertes récentes de pétrole et de gaz naturel en Namibie, au Mozambique, en Afrique de l’Ouest, en Afrique du Sud et en Égypte apparaissent comme une aubaine pour ces pays en raison de leur relative proximité avec le marché européen (du moins par rapport aux pays du Moyen-Orient ou d’Asie et d’Océanie). Ils pourraient même également fournir du GNL aux pays d’Amérique du Sud, et en particulier au Brésil, où la consommation de gaz naturel est en forte expansion.
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