Aït Ahmed et l’honneur d’Hassan II
Grande figure du mouvement national algérien aujourd’hui chef d’un parti d’opposition, le Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed a, le 26 mai, démenti toute implication de feu Hassan II (alors prince héritier du trône marocain) dans le détournement d’un avion à bord duquel, le 22 octobre 1956, avaient pris place cinq dirigeants du Front de libération nationale. Cette accusation surprenante avait été portée par l’Égyptien Mohamed Hassanein Heykal, ancien conseiller diplomatique de Nasser et ancien directeur général du quotidien cairote El-Ahram, dans une émission historique diffusée la chaîne qatarie Al-Jazira.
À l’appui de sa thèse, Heykal rappelle que le prince héritier avait, à la dernière minute, décidé que les chefs du FLN, qui s’apprêtaient à quitter Rabat pour Tunis, où se tenait une conférence maghrébine, ne prendraient pas le même avion que le roi Mohammed V, son père. Il estime que le futur Hassan II avait été informé de l’intention des services français (le Sdece) d’arraisonner l’appareil pendant son survol de l’Algérie, alors française.
L’argument a été balayé par le témoignage d’Aït Ahmed recueilli par la chaîne franco-marocaine Médi 1 Sat : « C’est moi qui ai fait part de mes craintes à Hassan II. Je ne voulais pas faire courir le moindre risque à son père. » Selon lui, le Sdece, fort bien implanté au Maroc et en Tunisie, n’avait nul besoin des services du prince pour être informé des déplacements des indépendantistes algériens. Aït Ahmed – qui juge la thèse de Heykal « ridicule » – estime que l’objectif de cet « acte de piraterie internationale » était double : 1. décapiter le FLN ; 2. empêcher la tenue de la conférence de Tunis, censée donner un cachet maghrébin à la lutte d’indépendance algérienne.
Ce témoignage de première main devrait mettre mettra fin à une polémique qui, de toute façon, ne déchaîne les passions ni en Algérie ni au Maroc.
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