Mali, Gabon, Togo… Ivor Ichikowitz, marchand d’armes « philanthrope » ?
« Ventes d’armes : les derniers barons du marché africain » (2/3). Proche de l’ANC, cet homme d’affaires sud-africain, fondateur en 1994 du groupe Paramount, a étendu ses réseaux au reste du continent. Et se présente comme un défenseur des causes justes.
Marchands d’armes : enquête sur les trois figures-clés d’un business opaque
Quand et comment se sont-ils implantés en Afrique ? Quels sont leurs réseaux ? Qui fournissent-ils ? JA a mené l’enquête sur trois des plus emblématiques « courtiers en armement » actifs sur le continent.
Les trois hommes qui débarquent à Bangui ce 22 mars 2013 sont pleins d’espoir. Employés d’un grand groupe spécialisé dans le commerce des armes et de la sécurité, ils ont été approchés par l’entourage de François Bozizé, le président centrafricain. En ville, l’heure est à la suspicion, aux rumeurs les plus folles. Le 10 décembre 2012, une coalition hétéroclite de groupes rebelles issus du Nord avait lancé une offensive dans le but de renverser le régime de Bozizé, avant qu’un accord signé à Libreville, au Gabon, le 11 janvier, ne freine leur avancée.
Depuis, les rebelles campent l’arme au pied dans la bourgade de Sibut, au nord de la capitale. Toujours menaçants. Le chef de l’État pense pouvoir profiter de cette trêve pour se renforcer. C’est précisément dans ce but que nos trois hommes sont à Bangui. La « shopping list » envisagée par l’entourage de Bozizé dit tout de ses intentions : hélicoptères de combat, véhicules blindés, munitions. « Il y avait trop de demandes et le délai était trop court. Aucun accord n’a finalement été trouvé », raconte l’un des participants aux négociations.
« Industrie de la protection »
Le trio s’apprête à quitter la Centrafrique au lendemain de son arrivée quand il est interpellé à l’aéroport de Bangui. On accuse les trois hommes d’avoir voulu livrer des armes aux rebelles. Ils sont conduits au camp de la gendarmerie. Le soir même, les rebelles fondent sur Bangui dans une offensive éclair, contraignant Bozizé a fuir le pays. Le camp de la gendarmerie est déserté. Les trois hommes peuvent enfin quitter la RCA.
La société qui les emploie n’est autre que Paramount, l’un des fleurons de la vente d’armes sur le continent, basée en Afrique du Sud et dirigée par le richissime homme d’affaires Ivor Ichikowitz. À 56 ans, il est l’un des vendeurs d’armes les plus médiatiques d’Afrique.
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