Guerre en Ukraine : la fuite des Africains de Kiev et Kharkiv, entre peur et racisme
Les discriminations dont ils ont été victimes en tentant de fuir l’invasion menée par la Russie ont choqué l’opinion publique africaine. Reportage auprès de ces ressortissants subsahariens qui ont dû, à regret, quitter l’Ukraine.
Vendredi 4 mars, Zahony, en Hongrie. Un train en provenance de Tchop, dernier village ukrainien avant la frontière entre les deux pays, vient d’entrer en gare. Au milieu des âmes et des corps épuisés par plusieurs jours de voyage harassant, un jeune homme aux larges épaules, le regard hagard et les yeux rougis. « Parfois, je ne réalise pas que toutes ces choses terribles sont bien réelles », lâche Langton Tapiwa. Cet étudiant zimbabwéen en économie de 24 ans n’a pas dormi depuis quatre jours. Il vient de Kharkiv, principale ville de l’Est de l’Ukraine, où il a été le témoin direct des conséquences des bombardements russes. « Je suis allé au centre-ville, où un bâtiment administratif venait d’être touché. C’était terrible. Il y avait là une grand-mère allongée sur le sol, sans vie », raconte-t-il.
Autour de lui, dans la gare bondée, seuls les enfants semblent encore avoir de l’énergie. Cette petite bourgade hongroise accolée à la frontière est devenue en quelques jours un point de passage et de repos pour les milliers de personnes qui, chaque jour, fuient l’Ukraine. Des femmes, des enfants, des vieillards. Les seuls hommes présents dans la foule sont les résidents étrangers d’Ukraine. Parmi eux, des milliers d’Africains, qui vivaient notamment à Kiev et Kharkiv.
La peur au ventre
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