Mariage de raison

Les relations commerciales entre les deux continents n’ont jamais été aussi fortes. Non pas tant au nom d’une solidarité Sud-Sud qu’en raison d’intérêts économiques communs.

Publié le 2 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

La commémoration du 50e anniversaire de la Conférence de Bandoung, en Indonésie, les 22 et 24 avril, a remis au goût du jour la grande solidarité afro-asiatique. Les dirigeants des deux ensembles ont réaffirmé « haut et fort » les liens et les passerelles qui existent. Sans préjuger de la sincérité ni de la pertinence des grandes déclarations des uns et des autres sur le sujet, force est de constater que, dans la pratique, les deux continents s’éloignent un peu plus chaque jour l’un de l’autre en termes de développement. La contribution de l’Afrique au commerce mondial est passée de 6 % en 1980 à environ 2 %, alors que l’Asie occupe une place de plus en plus prépondérante dans les échanges (23 % des exportations mondiales). Pourtant, les liens commerciaux qui unissent Africains et Asiatiques n’ont jamais été aussi forts, au détriment du partenaire traditionnel européen. Japon, Chine, Inde, Malaisie, Thaïlande, Corée du Sud, Vietnam… Tous ont une soif insatiable de matières premières (pétrole, bois, café, cacao, caoutchouc, coton…) pour alimenter leurs industries. Si bien que les exportations africaines vers l’Asie sont passées de 7,7 milliards de dollars en 1990 à près de 20 milliards en 2002.
L’Asie est le grand gagnant de cette hausse des échanges, ses entreprises captant l’essentiel de la plus-value réalisée sur la transformation des produits de base, alors que l’Afrique pâtit de la baisse des cours des matières premières, divisés par cinq lors des quarante dernières années. « Les Africains doivent transformer leurs matières premières sur place. Dans un premier temps, ils doivent couvrir les besoins du marché local avant de se lancer dans les exportations », estime Elisabeth Tankeu, de la commission économique de l’Union africaine, qui assistait au lancement du Conseil afro-asiatique des affaires, le 30 mars, à Port-Louis (Maurice). Parrainée par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le gouvernement du Japon, cette initiative a pour ambition de promouvoir la coopération entre entreprises africaines et asiatiques. Doté d’un financement de 1,1 million de dollars pour les trois premières années d’exercice, le Conseil prévoit la mise en place d’une vingtaine de centres multiservices en Afrique et en Asie qui appuieront les opérateurs économiques en matière d’information, de conseil juridique, de création d’entreprises, d’évaluation et de gestion des projets. Ses promoteurs souhaitent ainsi faciliter l’émergence de partenariats porteurs de transfert technologique et de développement industriel pour l’Afrique. Quelque cinquante hommes d’affaires ont participé à la création du Conseil. Quatre d’entre eux ont bien voulu nous donner leur opinion sur les potentialités du continent africain, relever les freins au commerce et adresser quelques recommandations à l’intention des pouvoirs publics.

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