Gentleman explorateur

Les affaires sont sa marotte, et les risques son oxygène. Dernier défi en date : développer les mines d’or ouest-africaines.

Publié le 2 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Longs cheveux blancs, traits fins, peau rosée, silhouette longiligne, costume trois pièces… John Gordon Cluff a tout du vieux gentleman britannique. À 65 ans, ce citoyen de la Perfide Albion n’a point besoin de travailler, sa fortune personnelle étant largement assurée… Mais les affaires sont sa marotte, et les risques son oxygène.
Dernier défi en date : développer les mines d’or ouest-africaines. L’homme n’est pas un novice en la matière puisque cet infatigable chercheur sonde le sous-sol africain depuis un quart de siècle. Ses premières découvertes concernent pourtant l’or noir. En 1972, il fonde Cluff Oil et découvre, deux ans plus tard, les champs de Buchan, dans la mer du Nord. Dans les années 1980, il se focalise sur l’exploitation minière en Afrique australe et centrale, et met au jour plusieurs gisements au Zimbabwe, en République démocratique du Congo, au Ghana et en Tanzanie. Une réussite qui lui vaudra une offre publique d’achat d’Ashanti Gold Mine en 1996. Cluff crée alors Cluff Mining Plc et se consacre aux métaux du groupe des platinoïdes.
Mais la soif de l’or est trop grande et, en 2003, le Britannique monte une nouvelle société, qu’il baptise Cluff Gold Plc, pour partir à la conquête des mines d’Afrique de l’Ouest, « une zone géologique à fort potentiel et peu exploitée qui possède dorénavant un code minier très avantageux ». Alors que ses conseillers en communication insistent sur le côté développement de ses activités « qui vont rejaillir sur les communautés locales » – plus de 2 000 emplois devraient être créés d’ici à 2007 -, lui parle – en toute franchise – d’un climat des affaires très incitatif et des importantes possibilités de retour sur investissements. « Les pays de la région ont mis en place un environnement favorable pour le développement du secteur minier avec des taxes très faibles et des mesures de défiscalisation », explique-t-il. Les perspectives de profit sont alléchantes : ses géologues estiment le coût de production moyen à 200 dollars l’once alors que le cours du métal jaune est deux fois plus élevé.
Cluff Gold Plc s’est fixé comme objectif auprès de ses investisseurs – la société a été introduite en Bourse en décembre 2004 – d’acquérir et de développer au moins 2 millions d’onces (61,2 tonnes) de minerais aurifères. L’exploitation de la mine de Kalsaka, au Burkina Faso, doit débuter en septembre prochain, avec une production annuelle estimée à un peu plus d’une tonne. En Côte d’Ivoire, Cluff a racheté la mine d’Angovia, située à proximité de Yamoussoukro, à la compagnie française Cogema. Le complexe sera opérationnel à partir de janvier 2006. D’après le Britannique, le site sera rentable quand la production annuelle atteindra 4,5 tonnes.
En Sierra Leone, un important programme d’exploration est actuellement en cours sur cinq kilomètres. « Cinq couloirs de minéralisation ont déjà été identifiés », précise la société. Outre ces trois pays, les géologues scrutent les profondeurs de Seripe, au Ghana, et de Niokolo, au Sénégal.
Cluff n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et compte bien acquérir de nouveaux permis d’exploitation dans la région. À moins qu’il ne soit encore une fois racheté par un concurrent. Il ira alors certainement installer sa tente de chercheur sous d’autres cieux.

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