Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 2 avril 2007 Lecture : 7 minutes.

Sarkophobes africains
– J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les résultats du sondage sur le vote des Français d’origine africaine, paru dans le numéro 2411 de Jeune Afrique. Sans être sarkophile, je suis tout à fait d’accord avec le fait qu’on laisse une chance à la méritocratie (immigration choisie), sur fond de discrimination positive. Il va sans dire que les imposteurs et les incompétents ne peuvent pas (naturellement) être en odeur de sainteté avec cette politique méritoire et je me désole de constater cette tendance socialiste chez mes frères africains, tendance qui joue la carte de l’hypocrisie (descentes en banlieue, promesses surréalistes) sur fond de compassion ! Certes Nicolas Sarkozy est brutal, et il n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il a quelque chose à dire, mais je pense qu’il est de loin le candidat le plus sérieux et celui qui a la tête de l’emploi.
Van Manchette, Casablanca, Maroc

L’arme secrète des juifs
– Je remercie Béchir Ben Yahmed de sa « sollicitude », que l’on peut découvrir depuis de nombreuses années à travers ses éditoriaux. Je me dois de réagir à celui du 3 mars (paru dans J.A. n° 2408) en précisant plusieurs points : en Israël, il y a 5,7 millions de juifs, 1 million d’Arabes musulmans, 200 000 chrétiens. Il y a en tout 3,4 millions de juifs aux États-Unis. L’Aipac n’est pas le plus grand et le plus puissant lobby aux États-Unis ; ce sont les Grecs et les protestants qui sont les plus forts et les plus écoutés. Toutes ses affirmations servent à délégitimer et dénier à Israël son droit historique sur sa terre d’origine et ses arguments sont vieux comme ceux « des sages de Sion », théorie équivalente au négationnisme (présenté comme évident dans beaucoup de pays arabes).
En outre, le budget de l’armée israélienne est rendu public chaque année : il est de l’ordre de 4 milliards de dollars et non de 1 milliard par mois (B.B.Y. le sait). L’État d’Israël n’a jamais affirmé qu’il possédait l’arme nucléaire mais qu’il était capable d’y accéder rapidement. Son existence ne se prouve pas par les fantasmes des gens ou par des éditoriaux malveillants, mais par des essais nucléaires – que les pays arabes n’ont jamais pu prouver. D’après B.B.Y. encore, sans le poids et la richesse de la diaspora juive, Israël n’aurait pas pu accéder à sa puissance actuelle. Les dons de cette dernière s’élèveraient à quelque 450 millions de dollars par an (le budget du pays, lui, est de l’ordre de 80 à 120 milliards de dollars). Tous ces points sont avancés par les anti-israéliens pour montrer qu’Israël n’a pas pu, par son travail, sa persévérance et sa force intellectuelle, surpasser – et de loin – ses voisins. Toujours selon BBY, beaucoup ?d’Israéliens voudraient détenir un passeport européen pour, prétendument, quitter la région. Alors que c’est seulement parce qu’il est rébarbatif de demander un visa pour voyager. Mais je suis sûr que vous n’ignorez pas qu’Israël fait déjà partie de l’Europe (par les accords de l’AELA, tout comme l’Autriche et le Danemark).
Plus les pays arabes (avec le soutien inébranlable de B.B.Y.) doutent de la légitimité de notre existence plus nous sommes sereins, car nous, Israéliens, ne doutons pas de nos droits. Merci de nous sous-estimer c’est peut être ça l’arme secrète des juifs – que vous vous fatiguez depuis des siècles à découvrir : travail et persévérance !
Youval Rosh, Tel Aviv, Israël

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« Comme des grandes »
– Votre journal a publié dans son dossier « Eau » (n° 2403 du 28 janvier 2007) un article consacré aux difficultés des villes africaines dans la gestion des déchets : problèmes de collecte, de traitement, de recyclage des ordures ménagères Les problèmes sont assez justement posés, mais il faut relever quelques citations ambiguës qui peuvent noyer la qualité du propos et induire des interprétations peut-être tendancieuses ! Ainsi, l’auteur cite-t-il Félix Adégnika, chargé de programmes au Partenariat pour le développement municipal, qui distingue trois catégories de villes en Afrique, pour ce qui est de la gestion et du ramassage des ordures ménagères : « Il y a les villes qui ont des grands moyens et un système de gestion à l’occidentale : Rabat et Johannesburg ; puis il y a les villes qui veulent faire comme les grandes mais n’en ont pas les moyens, par exemple Dakar, Abidjan, Yaoundé ; et enfin celles qui s’appuient sur des associations ou des micro-entreprises pour la collecte et le traitement : c’est notamment le cas à Cotonou, Ouaga, Niamey ou Bamako. »
Que signifie « à l’occidentale » ? Ces villes (Abidjan, Yaoundé, Dakar) qui « veulent faire comme les grandes, mais n’en ont pas les moyens » : qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce une nouvelle méthode dans la précollecte, la collecte, le transport et le traitement des déchets urbains ? En quoi cela consiste-t-il ?
Jules-André Abessolo, Yaoundé, Cameroun

Tabagisme familial interdit
– Une loi française interdit désormais de fumer dans les lieux publics et de travail. Je préconise l’extension de cette loi aux domiciles conjugaux, un des deux conjoints ne pouvant fumer qu’avec l’assentiment de l’autre. Et d’interdire strictement de fumer si un enfant y vit, vu les ravages sur le jeune corps en croissance que pourrait provoquer le tabagisme passif : fréquence des infections ORL et respiratoires, des allergies et de mort subite chez les nourrissons et les enfants de parent(s) fumeur(s). La Convention internationale des droits de l’enfant reconnaît son « droit au bien être » et celui « d’être protégé contre les mauvais traitements » (art. 3 et 19). L’enfant ayant le droit de vivre dans une atmosphère saine, quand considérera-t-on que fumer en présence d’un enfant est un mauvais traitement qu’on lui fait subir ?
Docteur Sami Doghri, El Mourouj, Tunisie

Prédateurs financiers au Congo-Brazza
– Les procédures judiciaires diligentées par des fonds vautours à l’encontre du gouvernement du Congo-Brazzaville font apparaître un imbroglio sur le bien-fondé des règles du droit des affaires, travesties par des usuriers hors norme à des fins mesquines. C’est très facile d’acheter à vil prix une dette à travers des mécanismes financiers abscons dans le but de se faire rembourser avec une plus-value faramineuse. Cela relève du gangstérisme financier visant à déstabiliser un État souverain par le biais des artifices du droit. Ou bien veulent-ils que le gouvernement congolais hypothèque l’avenir de son peuple pour rembourser ses créances majorées à outrance ? L’alliance hétéroclite de fonds vautours, adossés à certaines ONG partiales qui, à leur tour, sont en intelligence avec des opposants revanchards, confirme la mauvaise foi de ces procéduriers. ?Ces huissiers marrons déstabilisent les marchés financiers avec leur appétit gargantuesque et transnational. Ils veulent saborder les efforts du gouvernement congolais auprès de la Banque mondiale et prolonger le chaos total dans ce pays. Cela nous rappelle les pratiques néocolonialistes qui renversaient les régimes africains à l’aide de méthodes subversives. Les ministres des Finances du G7 s’apprêtent à prendre à bras-le-corps ce fléau dans leurs pays, mais l’Afrique risque de subir encore longtemps les assauts incessants de ces chevaliers d’industrie. Les institutions de Bretton Woods doivent dépoussiérer le droit des affaires pour empêcher les requins de dévorer des piranhas à l’aide d’outils juridiques légaux. En rendant leurs verdicts, les tribunaux occidentaux qui statuent sur ces procès en prédation doivent se rappeler du révolutionnaire Henri Lacordaire, qui disait : « Entre le faible et le fort, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».
Kabamba Kabous, Marseille, France

Naissance d’une vocation journalistique
– Je suis un fidèle lecteur de Jeune Afrique. Il y a trois ans de cela, alors élève en classe de seconde, j’ai eu à choisir mon orientation scolaire. Au lycée, j’ai toujours été parmi les meilleurs élèves en littérature et en philosophie. Mon avenir estudiantin devait me conduire de toute évidence vers les lettres modernes françaises ou vers la philosophie. Or, une fois lauréat du baccalauréat, ma cible était désormais la filière d’études stratégiques et politiques nouvellement ouverte à la faculté de sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé. Personne, ni mes enseignants, ni ma mère n’ont jamais compris mon choix. Je vous avoue que B.B.Y. et son hebdomadaire Jeune Afrique sont indéniablement la cause de ce virage ! Avec son fameux éditorial « Ce que je crois » et les analyses de ses journalistes me donnent l’envie de devenir moi-même journaliste. ?Je ne regrette pas le moins du monde mon choix. Au contraire ! Je comprends de mieux en mieux vos analyses et je me sens de plus en plus appelé à en faire autant. Il y a quelques mois, L’intelligent redevenait Jeune Afrique. Avant cela, vos lecteurs ne manquaient pas d’exprimer leurs critiques quant à l’appellation « L’intelligent ». Au bout de six ans, leur message a été entendu. Moi, c’est l’humilité de la réponse de B.B.Y. qui m’a marqué, tout en espérant qu’elle n’eût point été simulée. J’aspire à devenir l’un des meilleurs chroniqueurs francophone de ma génération. Je rêverais d’avoir B.B.Y. pour mentor.
Serge Dzou, Yaoundé, Cameroun

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